Plantes astringentes

Plantes astringentes

Plantes astringentes

Une plante est dite astringente lorsqu’elle est riche en tanin. Les tanins sont un type de molécule de la famille des composés phénoliques. Une de leur propriété est de s’associer aux protéines. En se liant par exemple aux fibres de collagène de la peau et des muqueuses ils ont pour effet de resserrer ces tissus et de leur conférer plus de tenue en leur donnant une sorte d’« armature ».

Cette propriété est connue depuis la plus haute Antiquité. Elle a été notamment utilisée pour la préparation du cuir. Dans l’Europe du Moyen Âge, on extrayait les tanins de l’écorces du chêne, que les Celtes appelaient "Tan". On broyait l’écorce de chêne (ou de châtaigniers) dans des moulins à tan et cette poudre également appelée "tan" était vendue aux tanneurs qui trempaient les peaux dans des fosses à tan pendant au moins un an avant de les travailler. L’association des protéines en particulier des collagènes, des peaux animales produit un complexe plus résistant mécaniquement, inaccessible aux microbes et aux champignons et donc imputrescible.

Écorce de chênes
Écorce de chêne

Cette propriété des tanins peut être ressentie lorsqu’on ingère une substance tannique. En bouche les tanins s’associent aux protéines de la salive qui recouvre les muqueuses et les précipitent et les empêchent d’assurer leur fonction lubrifiante. Cette précipitation se reconnaît à la sensation d’avoir une bouche râpeuse, pâteuse, sèche. C’est cette sensation qu’on appelle l’astringence.

Pour les plantes, les tanins sont sans doute en premier lieu des substances protectrices. Du fait de leur faible digestibilité-et de leur toxicité, une teneur importante en tanin protège le végétal contre les parasites, les animaux herbivores, mais aussi contre des bactéries, des champignons pathogènes et plus généralement contre les stress (thermiques, lumineux, traumatiques) qui peuvent affecter la plante. La plante a d’ailleurs la faculté de d’augmenter sa teneur en tanin lorsqu’elle se sent menacée. La plante elle-même se protège de ses propres tanins en les enfermant dans des vacuoles hermétiques.

Mais la fonction des tanins n’est pas simplement défensive. La lignine qui est un tanin assure l’armature des plantes et leur permet d’être dressées. Les tanins participent aussi plus largement à la régulation des relations entre monde végétal et animal car ils interviennent dans la coloration et les parfums des fleurs et des fruits et fleurs.

Erythrina abyssinica et Cassia occidentalis

Les tanins appelés anthocyanes donnent ainsi leur couleur rouge aux fleurs et aux fruits, ceux appelés flavonoïdes leur donnent leur couleur jaunes.

Les animaux y compris humains, les subissent, les évitent et les utilisent aussi. Les humains les apprécient parfois sans le savoir car les tanins contribuent aux goût et parfums d’épices comme la noix de muscade, le curcuma, le clou de girofle... ou de condiments comme le persil , l’origan...

Usage médicinal des plantes astringentes :

En raison de leur propriétés les tanins présentent plusieurs avantages thérapeutiques

- Appliquée sur une plaie, une substance astringente va tonifier ou resserrer les tissus de la zone à vif et former une pellicule protectrice. En resserrant les petits capillaires les tanins ont une action hémostatique, qui stoppe les petits saignements.

- En cas de blessure légère on peut appliquer sur la peau, une infusion ou une décoction de plante riche en tanin pour resserrer la plaie et les vaisseaux sanguin et arrêter des saignements légers.

- L’application de substances tanniques vont également réduire les irritations cutanées grâce à une sorte d’action anesthésiante ;

- En resserrant les tissus, les tanins calment en outre les inflammations ;

- Ils créent une barrière contre les infections, ce qui est d’une grande aide pour les plaies et les brûlures

- Si une substance astringente est ingérée, ses tanins vont s’associer aux protéines contenues dans le mucus de l’estomac et de l’intestin et lui donner une viscosité plus importante par précipitation. Cette précipitation va former une couche protectrice sur la muqueuse et peut arrêter des hémorragies internes légères.

- En rendant les fluides visqueux les tanins ralentir et atténuer les diarrhées. Ayant également une activité antibactérienne et antifongique, les substance tanniques s’avèrent également utiles en cas de diarrhées infectieuses.

Les substances astringentes sont parfois appelées styptiques lorsqu’elles sont appliqués en externe pour arrêter les saignements et antihémorragiques lorsqu’elles sont utilisées pour agir sur des saignements internes.

Certains tanins ont des propriétés antioxydantes, ce qui expliquant par exemple certains effets bénéfiques, à doses modérées, du jus de raisin et du vin en matière de protection cardio-vasculaire).

Les tanins stoppent également le développement des microbes et des champignons. L’infusion de plantes tannique comme le thé, le rooibos ou le maté a un effet aseptisant et permet de consommer en boisson des eaux qui ne sont pas initialement saines.

Les plantes astringentes peuvent ainsi jouer un rôle utile pour contribuer à traiter un large éventail de problèmes en interne et en application externe.

Cependant, une trop forte dose de tanins, une utilisation à long terme en tant que médicament peuvent être préjudiciables à la santé ; cela peut finir par empêcher l’absorption correcte des aliments à travers la paroi de l’intestin.

Il faut donc utiliser les substances tanniques à bon escient et de manière équilibrée.

Pour l’herbaliste Christophe Bernard « Lorsque vous avez une plante peu astringente comme la feuille de framboisier, ou alors qui fournit un large spectre d’action comme le plantain (non seulement astringent mais aussi mucilagineux et anti-inflammatoire), en général vous pouvez prendre ces plantes pendant de longues périodes.

Grand plantain

Lorsqu’elles sont très astringentes par contre, comme la busserole ou le chêne, elles finissent par être mal tolérées et même par irriter les muqueuses. Donc vous voyez, trop de bonnes choses finissent par créer l’effet inverse.

Un peu de tanin sur une muqueuse enflammée va la resserrer et la calmer, trop de tanin finit par bloquer sa fonction. De toute façon vous allez voir, votre système digestif va réagir si la plante est trop tannique pour vous.

Certaines personnes le ressentent, par exemple lorsqu’elles prennent une infusion de reine des prés un peu trop concentrée.

Une autre manière de voir les choses c’est en fonction de l’état des muqueuses. Au plus la muqueuse est lâche, boursouflée, au plus elle a perdu son intégrité, au plus elle “suinte”, au plus les tanins vont être indiqués.

D’un autre côté, si vous avez une inflammation qui n’est pas très aiguë, vous allez plutôt utiliser des plantes qui contiennent un peu de tanins, ou alors plutôt utiliser des plantes qui contiennent des mucilages. »

Plantes astringentes

Toutes les plantes contiennent des tanins, mais on parle de plantes astringentes lorsque leur concentration devient importante.

Achillea millefolium Yarrow Achillée millefeuille
Aesculus hippocastanum Horse chestnut Marronier
Arctostaphylos uva-ursi Uva ursi Raisin d’ours ou Busserole
Camellia sinensis Green tea Thé vert
Capsella bursa-pastoris Shepherd’s purse Bourse à Pasteur
Equisetum arvense Horsetail Prêle des champs
Fragaria sp. Strawberry Fraisier
Geranium maculatum Cranesbill Géranium maculatum, géranium sauvage
Hamamelis virginiana Witch hazel Hamamélis de Virginie
Myrica cerifera Bayberry Arbre à suif, cirier ou arbre à cire
Plantago major Plantain Grand Plantain
Quercus spp. Oak Chênes
Rubus idaeus Raspberry Framboisier
Rubus villosus Blackberry Ronce
Salvia officinalis Sage Sauge
Solidago virgaurea Goldenrod Solidage verge d’or ou Baguette d’Aaron

Affinité des fonctions physiologique avec les plantes astringentes

Fonctions physiologiques Exemples de plantes
Digestive Quercus spp., Hamamelis virginiana, Geranium maculatum, Hydrastis canadensis, Salvia officinalis
Urinaire Equisetum arvense, Achillea millefolium
Reproductive Alchemilla arvensis, Hydrastis canadensis, capsella burso-postoris, Achillea millifolium
Cutanéé Achillea millefolium, Hamamelis virginiana, Plantago major, Quercus spp.

Deux formes de tanins doivent être distinguer :

- les « tanins hydrolysables » et les « tanins condensés ».

Les tanins hydrolysables qui sont « plus tannant » sont plus efficaces en action locale. Ce type de tanin est présent dans des plantes comme le chêne (écorce et feuilles), le noyer (feuille), le manguier, la busserole, la salicaire, la benoite, la bistorte, etc. Ces plantes sont très astringentes par contact et très astringentes en bouche aussi.

Les « tanins condensés » ou proanthocyanidols, présents dans le thé, dans l’aubépine, dans le marron d’Inde, dans le noisetier, dans la feuille de vigne rouge, sont aussi astringents par contact, mais peut être un petit peu moins que les tanins hydrolysables, mais ils vont aussi avoir une action interne cardiovasculaire et peuvent être utilisées pour traiter les problèmes d’insuffisance veineuse en particulier.

Précautions d’emploi :

● Les plantes riches en tanins doivent être ingérées loin des repas car les tanins vont bloquer une partie de l’absorption des nutriments au travers des muqueuses et vont aussi s’associer aux protéines et à certains minéraux.

● Les plantes à tanins sont aussi à prendre loin de toute prise d’autres substances médicinale, car l’absorption de leur principes actifs peut être bloquée en partie.

● Les plantes riches en tanins doivent être éviter par les personnes qui ont tendance à être constipé, car les tanins vont bloquer les échanges de fluide à l’intérieur du tube digestif.

● Les plantes fortement tanniques, celles très riches en tanins hydrolysables en particulier, sont à prohiber en cas d’ulcérations digestives chroniques.

● Les tanins précipitant l’amidon, la gélatine, les alcaloïdes les préparations médicinales à base de plantes rendent incompatibles le mélange de substance riches en tanins et de substance contenant des alcaloïdes.

Pour Christophe Bernard, à qui sont reprise les principes de précaution listé ci-dessus « plus les tanins sont concentrés, au plus il y a un risque de toxicité s’ils passent dans le sang. C’est quelque chose que l’on a pu observer à l’époque où l’on soignait les grands brûlés avec de l’acide tannique, donc des tanins purs. Pour les plantes très riches en tanins hydrolysables, on recommande en général une application sur le court terme, sur une surface limitée et lorsqu’il n’y a pas de fortes ulcérations.

Mis en ligne par La vie re-belle
 14/11/2019
 http://lavierebelle.org/plantes-astringentes

Soigner avec les plantes

Pratique de médecine populaire, fondée sur l’utilisation des ressources naturelles du milieu, et complémentaire de la médecine académique

Les articles 43

IMG: LIVRE : « Artemisia, de la malaria au coronavirus » Les éditions Izuba ont publié ce mois de décembre un livre sur une plante, l’Artemisia, et plus précisément sur deux variétés de cette armoise, annua et afra, « (...)
IMG: Les argiles : précieuses matières médicinales Cet article est une présentation de trois recherches sur les vertus médicinales des argiles, déjà accessible en cible, et dont la juxtaposition montre (...)
IMG: Histoire des usages médicinaux du miel Les humains et les abeilles Une peinture pariétale découverte au lieu dit Cueva de la Araña, « la grotte de l’araignée », près de Valencia en Espagne représente (...)
IMG: Principales plantes utiles pour arrêter les saignements Principales plantes utiles pour arrêter les saignementsPharmacopées méditerranéenne et des zones tempérées• Achillea millefolium (Asteraceae) (...)
IMG: II Actions des plantes « antidiabétiques » Dans cet article nous dressons la liste des plantes potentiellement utiles pour gérer le diabète en distinguant leurs modalités d’actions. Le diabète est une (...)
Liste des plantes accessibles au Rwanda utilisées traditionnellement dans le pays ou dans d’autres régions du monde. Les plantes sont classées par usage. La (...)
 La Vie Re-Belle | 2018 · 2024