Histoire des usages médicinaux du miel

Les humains et les abeilles

Une peinture pariétale découverte au lieu dit Cueva de la Araña, « la grotte de l’araignée », près de Valencia en Espagne représente une silhouette féminine récoltant du miel. Elle est accrochée d’une main à la cime d’un arbre, et tient de l’autre un panier tressé pour recueillir le miel.

Cette représentation est le témoignage connu le plus ancien de l’intérêt des humains pour les abeilles et le miel qu’elles produisent. Elle daterait d’il y a quelque 10.000 ans.

On trouve d’autres représentations datant du mésolithique (-12000 à - 6500) dans , le Sahara, sur l’île de Bornéo, en Australie, en Inde et en Chine. Selon certains préhistoriens, l’abeille et le chien auraient été dès cette époque « domestiqués » par l’humain.

Le goût des humains pour le miel est logiquement bien plus ancien. Il en va certainement de même de l’intérêt pour le miel comme substance médicinale.

Symbolique du miel

Le miel fut souvent érigé comme un symbole de la vie, de l’abondance, de la pureté et de la sagesse. Plusieurs traditions antiques montrent que le miel fut associé aux rites qui accompagnaient la naissance et la mort.

Dans les anciens mythes d’Égypte, le miel est né des larmes du dieu soleil Ra. Les Égyptiens qui pratiquaient l’apiculture dès 2400 ans avant l’ère chrétienne utilisaient le miel comme offrande aux divinités. Au cours de l’embaumement, le miel, la cire et la propolis étaient employés pour la conservation des corps. Dans la vie profane, le miel servait comme aliment et édulcorant dans la préparation de pains et gâteaux, comme base de la production de médicaments, et comme soins de beauté.

Selon des mythes grecs, le miel aurait été donné aux hommes par Dionysos. Le Dieu Zeus était parfois appelé « l’homme abeille » en référence à son enfance durant laquelle il avait été nourri au lait de chèvre et au miel.

Le premier apiculteur fut Aristée, le fils d’Apollon et de Cyrène. Ayant vu le jour en Afrique, ce dernier apprit la culture de l’olivier et l’apiculture grâce aux Nymphes. Il enseigna par la suite les rudiments de l’apiculture aux habitants de l’île de Céos. C’est pour cette raison qu’Aristée et les abeilles apparaissent sur diverses monnaies grecques. La déesse grecque Artemis eut également pour symbole l’abeille.

Comme en Égypte, le miel était utilisé offert aux dieux de l’Olympe et jouait un rôle essentiel dans les rites funéraires. Pour être transporté, le corps d’Alexandre le Grand a été immergé dans un cercueil rempli de miel de Sicile (miel d’Ibla), le plus prisé à l’époque.

Comme les Egyptiens et les Grecs, les Romains pratiquaient l’offrande du miel aux dieux. C’était un produit sacré et les prêtresses de la déesse des moissons, Cérès dont la fille se nommait Mellita, étaient appelées abeilles. Du miel étaient offert aux ancêtres divinisés en le faisant couler sur la flamme du foyer de l’autel avec du vin et du lait. Les Romains considéraient que le miel faisait partie des aliments préférés des morts. Ils embaumaient fréquemment les défunt dans du miel.

Dans les traditions juives puis chrétiennes, la Terre promise est un « pays ruisselant de lait et de miel ». Il est bien plus qu’un symbole de douceur et de plaisir : il évoque aussi la sagesse, la connaissance, la vérité. Dans la tradition musulmane aussi, des fleuves de miel coulent au paradis…

En Afrique, le Rwanda était aussi décrit par les anciens poètes comme le pays du lait et du miel.

En France, l’abeille était l’un des symboles du pouvoir des rois. Sa servitude envers la reine et son ardeur au travail symbolisaient l’obéissance et un idéal d’organisation sociale. L’abeille était également associée à la richesse, à la guerre, et à la victoire comme en témoigne la toile représentant Louis XII entrant dans Gènes, en 1499.

Le miel comme matière médicinale

Dès 2700 avant l’ère chrétienne, des tablettes d’argile mésopotamiennes mentionnent le miel comme un médicament. Des textes médicinaux assyriens font état de l’utilisation du miel en friction.

Mille ans plus tard, le « papyrus d’Ebers » ou « Livre de préparation de médicaments pour toutes les parties du corps humain » mentionne de plus de 500 préparations à base de miel pour traiter les blessures, et certaines maladies du tube digestif, rénales, ou oculaires. Ces préparations se présentaient sous forme de pilules, d’onguents, de décoctions, de pansements, d’emplâtres, de collyres.

Fragment du papyrus d’Ebers

Pendant l’antiquité, le miel était avec le lait et vin la base de la plupart des remèdes autour de la méditerranée. Le miel fut utilisé pour soigner les plaies et les maladies de l’intestin aussi bien par anciens Assyriens que par les Égyptiens, puis les Grecs et les Romains. Le miel était appliqué sur la peau pour ses propriétés adoucissantes, régénératrices, nourrissantes et hydratantes.

Hippocrate (460-377 avant J.-C.) prescrivait le miel combattre la fièvre. Il le préconisait également pour faciliter la cicatrisation des ulcères et les plaies purulentes, pour traiter les hémorroïdes. Il considérait que le miel cuit avec du chou soignait efficacement la colique et la dysenterie.

Pour le « père spirituel » de la médecine occidentale, l’usage du miel conduisait à la plus grande vieillesse et au maintien de la l’existence dans toute sa vigueur. Dans son Traité des affections, il écrit : « Le vin et le miel sont merveilleusement appropriés à l’homme si en santé comme en maladie, on les administre avec propos et juste mesure, suivant la constitution individuelle. » Il reprenait en cela les déclarations des philosophes grecs Démocrite et Pythagore qui avaient affirmé que leur exceptionnelle longévité était due à leur consommation régulière de miel.

Hippocrate selon une miniature du XIVe siècle

Nikandros de Colophon, né en - 135 donne des formules d’antidotes de poison à base de miel appelés « thériaques » .

Dioscoride médecin, pharmacologue et botaniste grec né entre les années 20 et 40 et mort vers 90, ayant accompagné les armées de l’empereur romain Neron en tant que chirurgien rédigea De Materia Medica vers l’an 77, qui a servi de référence jusqu’au XVe siècle. Dans cet ouvrage où sont décrites près de 600 plantes et 1000 drogues, Dioscorides indique que le miel peut être utilisé comme traitement dans les maladies de l’estomac, les blessures purulentes, les hémorroïdes et comme traitement contre la toux.

Page d’une traduction arabe de l’ouvrage De materia medica de Dioscoride

Claudius Galien, né à Pergame en Asie Mineure en 129 et mort vers 201, préconisait le miel pour combattre l’inflammation des tissus.

Lors de l’essor arabo-musulman au moyen âge, les médecins de cette civilisation seront les héritiers et passeurs de la pensée médicale antique. Le miel, qui est cité dans le Coran, comme boisson à effet curatif, continuera à être à la base de nombreuses préparations médicinales.

Dans le « Livre des aliments et des médicaments » Abû Marwân Ibn Zuhr (Avenzoar) vante les vertu du miel : « Le miel est un élément important du régime de santé et du traitement des maladies ; il est mieux de préparer avec du miel, le sirop que l’on prend pour désobstruer les viscères. C’est le cas des électuaires (préparation pharmaceutique molle à base de poudres incorporées à du miel, à un sirop) et des thériaques (antidotes) que les Anciens utilisaient seulement avec du miel. ». L’ouvrage souligne le double usage du miel dans la médecine arabe. La noble substance est recommandée aux bien-portants pour préserver l’équilibre de leur santé et aux malades pour leur traitement thérapeutique à base électuaires et thériaques contenant du miel.

Le miel est alors un ingrédient de base de la pharmacopée ; que les recettes d’électuaires soient modestes ou enrichies de nombreuses substances, la présence du miel est une constante rarement transgressée.

Voici quelques recettes parmi les plus simples transmises par des médecins arabo-musulmans :

Ibn al-Diazzâr, dans le recueil intitulé Le Livre de la médecine des pauvres, écrit qu’il faut « pour le traitement des morsures de chiens, prendre de l’oignon écrasé avec du miel »

Contre les morsures de chien enragé, « Le traité des poisons » d’Ibn Maymûn (Maimonide) prescrit l’application sur la morsure d’une préparation d’« amande amère pétrie avec du miel jusqu’à consistance d’emplâtre » ; ou : d’« Amande mondée, noix, sel, oignon pilés ensemble avec du miel en parties égales jusqu’à la consistance de cataplasme... »

La « thériaque diatessaron » ou « thériaque des pauvres » constituée de quatre simples associés au miel, était un médicament populaire recommandé par les médecins arabo-musulmans et après eux par ceux de l’Occident chrétien. Elle était préparée à partir de myrrhe, de baies de laurier décortiquées, de racine de gentiane et de racines d’aristoloche. Ibn Maymun (Maimonide) indique que « l’on pétrit toutes ces substances prises en parties égales avec du miel qu’on aura fait écumer, en quantité triple de toutes ces substances prises ensemble ».

Cette recette va perdurer. À propos de cette thériaque des pauvres, François Pierre Chaumeton citant Cadet de Gassicourt écrit plusieurs siècle plus tard dans le dictionnaire des sciences médicales publié en 1822 qu’on l’emploie « dans les spasmes et les attaques d’épilepsie ; on la regarde comme stomachique, emménagogue et diaphorétiques »

Recueil de traductions latines de plusieurs œuvres écrites par les deux célèbres médecins arabo-andalous du XIIe siècle : Avenzoar (mort en 1162), et Averroès (1126–1198).

Les « Grandes Thériaques » composées avec un nombre bien plus élevé d’ingrédients étaient également toutes à base miel.

La littérature médicale arabe, du moyen âge comprend au moins deux traités exclusivement consacrés au miel. L’un a pour auteur Muhammad ibn Sa’id al-Tamimi ; il s’agit d’une partie de l’ouvrage, Al-Murshid « Le Guide des principes de base de la nutrition et des propriétés des médicaments simples ». L’autre rédigé par Avenzoar est intitulé « Livre des aliments et des médicaments ».

Illustration issue de Taqwim al-sihhah « L’Entretien de la santé » d’Ibn Butlan (Bagdad, XIe siècle), publié en Italie sous le titre Tacuinum Sanitatis au XIVe siècle

L’utilisation médicinale du miel resta importante à la Renaissance, où les apothicaires puisent dans les recettes de l’Antiquité et dans le Canon de la Médecine d’Avicenne.

Les préparations ne changeront guère au cours des siècles. Au XIXe siècle, on retrouve les électuaires (forme galénique pâteuse administrée par voie orale), les mellites (sirops à base de miel), les oxymels (préparation pharmaceutique à base d’eau, de miel et de vinaigre). Au plan thérapeutique, on retrouve toujours les mêmes indications : laxatives, détersives, apéritives, pectorales, purgatives, et cicatrisantes.

Flacon et faillance utilisée pour la préparation pharmaceutique d’oxymels à base d’eau, de miel et de vinaigre

L’un des usages majeurs du miel qui a longtemps perduré est celui des soins des blessures. Au moyen-âge, le miel servait à la réalisation de pansements sans désinfection préalable des blessures. Les armées napoléoniennes transportaient dans leurs campagnes du miel afin de soigner les soldats blessés ; le miel a également été beaucoup été utilisé pour accélérer la cicatrisation des plaies des soldats de la Première et la Seconde Guerre mondiale. Les Allemands l’associaient également à l’huile de foie de morue dans le traitement des ulcères, brûlures, fistules et furoncles.

Ce n’est qu’avec le développement de nouveaux produits de synthèse et leur inscription dans les pharmacopées officielles, que le miel et ses vertus ont été délaissés et oubliés, dans la deuxième moitié du XXe siècle. Il ne s’agit peut-être que d’une courte parenthèse car l’étude des propriétés médicinales du miel ont été depuis quelques décennies l’objet d’un regain d’intérêt. L’analyse de la production littéraire scientifique internationale met en exergue ce regain d’intérêt avec plus de 10.000 articles référencés avec la croissance du nombre de publications depuis la fin des années 1990.

Nombre d’articles référencés sur Pubmed de 1980 à 2013

Le miel en médecine indienne ayurvédique

L’ancienne civilisation indienne védique qui a développé la médecine ayurvédique considérait « Madhu », le miel, comme l’un des dons les plus remarquables de la nature à l’humanité.

Traditionnellement, selon les textes de l’Ayurveda, le miel est une aubaine pour ceux dont la digestion est faible, pour traiter la toux irritante, pour garder les dents et les gencives en bonne santé. Il est également indiqué depuis des siècles pour le traitement de l’insomnie, pour les troubles cutanés (comme les plaies et les brûlures), les douleurs et les palpitations cardiaques, tous les déséquilibres des poumons, l’anémie et diverses affections oculaires. Le miel est considéré comme « Yogavahi » car il renforce le corps et augmente la puissance d’autres médicaments lorsqu’ils sont associés. Le miel est considéré comme l’un des cinq aliments de la longévité. Consommer du miel et du ghee ensemble est réputé promouvoir et restaurer l’énergie du corps. En revanche la consommation de miel est déconseillée pour les personnes souffrant de déséquilibres Pitta qui se manifestent notamment par un hyperacidité et des éruptions cutanées.

L’Ayurveda ne considère pas tous les types de miel comme équivalent. Huit types de miel sont ainsi distingués :

- Makshikam produit par de grosses abeilles bleues, est considéré comme « très léger et sec ». Ce miel aide à traiter les troubles Vata et Kapha, tels que des maladies du foie (jaunisse, hépatite), les hémorroïdes, la toux, l’asthme, la tuberculose et les maladies des yeux.

- Bhraamaram produit par de petites abeilles, est très collant, blanc translucide. Ce miel est utilisé dans le traitement des vomissements de sang, des troubles des voies urinaires et des problèmes digestifs.

- Kshoudram fabriqué par des abeilles brunes de taille moyenne est considéré par les praticiens ayurvédiques comme « léger et froid ». Ce miel est utilisé pour dissoudre le dosha kapha, qui régit l’intégrité structurelle du corps et dans le traitement du diabète

- Pauthikam recueilli à partir du nectar de fleurs vénéneuses par de petites abeilles qui vivent dans les creux des vieux arbres. Ce miel est réputé créer également une sensation de brûlure dans la poitrine et augmenter le dosha vata - qui est un type d’énergie qui régit tous les mouvements. Il est utilisé dans le traitement du diabète, des infections urinaires et contre les tumeurs.

- Chathram produit par des abeilles jaunes et brunes que l’on trouve dans les forêts himalayennes, est considéré « lourd et froid ». Ce miel est recommandé pour traiter les infestations de vers, en cas de vomissement de sang, de goutte, d’indigestion et de diabète. Il est également considéré comme un miel très nourrissant.

- Aardhyam produit par une une abeille jaune est réputé efficace pour guérir les maladies des yeux, la toux et l’anémie. Mais certaines personnes disent que ce miel peut causer de l’arthrite.

- Ouddalakam fabriqué par une petite abeille brune qui vit dans les fourmilières. Ce miel est astringent mais très bon pour traiter la gorge et améliorer la modulation de la voix. Augmente le goût et le swarasudhi. Considéré comme un agent de désintoxication en cas d’empoisonnement, et dans le traitement des maladies de la peau et de la lèpre.

- Daalam considéré comme « sec » est réputé améliorer le système digestif et réduire les vomissements, aider au traitement de la toux, et du diabète.

Le miel en médecine traditionnelle chinoise

En médecine traditionnelle chinoise, le miel (Feng Mi) est considéré comme un tonique du Yin et du Qi : il renforce l’endurance, soutient les muscles, humidifie les maux de gorge, combat les rhumes et les grippes, guérit les blessures, facilite la digestion des prescriptions à base de plantes, et est également utilisé pour fabriquer des comprimés et des pilules à base de plantes.

En outre, la médecine traditionnelle chinoise considère le miel comme neutre c’est-à-dire comme n’affectant généralement pas l’équilibre du corps et l’équilibre entre le Yin et le Yang.

Selon la théorie dite des « cinq éléments » de la médecine chinoise, le goût des ingrédients est un facteur déterminant de leur action dans l’organisme. Les ingrédients sucrés comme le miel ont tendance à ralentir les réactions aiguës et à détoxifier l’organisme. Ils ont également un effet tonique car ils reconstituent le Qi et le sang.

Selon la tradition chinoise, le goût des ingrédients détermine également les organes et les méridiens qu’ils ciblent. Ainsi, le miel ciblerait-il l’estomac, le gros intestin et le poumon. En médecine chinoise, l’estomac est responsable de la réception et de la maturation des aliments et des liquides ingérés. Il est également chargé de faire descendre les éléments digérés vers l’intestin grêle. Le gros intestin, quant à lui, reçoit les parties "impures" des aliments digérés de l’intestin grêle, absorbe les fluides restants et excrète le reste sous forme de fèces. En plus d’assurer la respiration, les poumons sont considérés comme un élément clé de la chaîne de production du Qi et des fluides corporels qui nourrissent le corps.

Sirop à base de miel pour traiter la toux
Mis en ligne par La vie re-belle
 31/07/2021
 http://lavierebelle.org/histoire-des-usages-medicinaux-du

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Soigner avec les plantes

Pratique de médecine populaire, fondée sur l’utilisation des ressources naturelles du milieu, et complémentaire de la médecine académique

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