Irriguer avec des artefacts en argile cuite

L’eau-tech : cultiver avec peu d’eau

Il y a 2000 ans, l’agronome Fan Shengzhi qui avait été chargé par l’empereur de Chine d’élaborer des solutions permettant d’augmenter les rendements des agriculteurs disposant de peu de terres et de peu d’eau a proposé deux techniques permettant d’atteindre ces objectifs : la culture en trou (« ou-cheng ») et l’irrigation des cultures des récipients en terre cuite poreuse enterrés. J’ai exposé la première technique dans l’article « Cultiver en creux pour créer des oasis ». Le présent article décrit les déclinaisons possibles de l’irrigation avec des récipients en argile dont l’expérience historique montre que ces systèmes sont particulièrement efficaces et économes en eau.

L’eau-tech : cultiver avec peu d’eau

Irriguer avec des artefacts en argile cuite

Cela fait longtemps que l’usage d’artefacts en terre cuite pour irriguer les plantes est pour moi un sujet de réflexion. Lorsque je vivais à Toulouse, surnommée « la ville rose » pour ses bâtiments en brique de terre cuite, j’imaginais des colonnes et des bassins cultivés dans lesquels des réservoirs en terre cuite poreuse verticaux ou horizontaux irrigueraient les plantes. C’était ma contribution imaginaire à une ville comestible ou serait partout cultivé des légumes et des fruits et où mille nuances de vert mâtineraient le rouge, l’ocre, et le rose brique des murs.

Toulouse

Lorsque je me suis installé au Rwanda ce rêve ne ma pas quitté, j’ai enterré des jarres fabriquées par une potière locale pour irriguer une partie de notre potager de cuisine et j’ai rédigé un article pour le site La vie Re-Belle, sur cette technique d’irrigation.

Ma découverte récente des travaux de David A Bainbridge, professionnel de la restauration des zones désertiques et des systèmes de micro-irrigation, m’a donné envie d’écrire de nouveau sur ce sujet en partageant avec vous les résultats de ses recherches. Ce chercheur qui vit dans le sud-ouest aride des Etats-Unis est l’auteur de plus de 300 articles et rapports et de 16 livres sur le chauffage et la climatisation solaires passifs, les systèmes de construction en bottes de paille,... J’ai ici utilisé présente ici ses travaux sur les systèmes d’irrigation super efficients exposés dans une dizaine d’articles et synthétisés dans son ouvrage pour tout public anglophone publié en 2015 Gardening with Less Water, Low-Tech, Low-Cost Technique (Storey Publishing)

David A Bainbridge et son livre dédié aux techniques low-tech d’irrigation les plus efficaces

Irrigation avec des jarres d’argile enterrées

L’irrigation avec des jarres d’argile enterrées appelées « ollas » en espagnol, « pitchers » ou « buried clay pots » en anglais, ou encore « kuzeh » en persan est l’un des systèmes d’irrigation les plus efficaces connus. Une fois enterrés et rempli d’eau, les récipients en argile poreux, fournissent par capillarité un flux d’eau aux plantes à proximité correspondant à leur besoin. Le corps poreux de la jarre en terre cuite rempli d’eau peut être assimilé à une mini nappe phréatique à laquelle les plantes qui l’entoure peuvent accéder.

La forme des récipients peut varier : il s’agit traditionnellement de jarres sphériques ou coniques à col plus ou moins étroit ; plus récemment des pots de fleurs standards en terre cuite détournés de leur usage conventionnel ont été utilisé avec succès comme réserve d’eau. Le système d’irrigation par des récipients en terre cuite poreuse est particulièrement économe en eau parce qu’il limite fortement l’évaporation et que la vitesse à laquelle l’eau s’exfiltre vers le sol à travers la paroi du pot est déterminée en partie par la quantité d’eau que la plante puise dans le sol. Ce système est ainsi jusqu’à dix fois plus efficace que l’irrigation de surface classique, et jusqu’à quatre fois plus économe qu’un système de goutte à goutte.

Il s’agit d’un système « low-tech » potentiellement très économe, car les récipients en terre cuite peuvent être utilisés sans eau pressurisée ou filtrée et peuvent être fabriqués avec des matériaux et des savoir-faire locaux, presque partout dans le monde.

La constance de l’alimentation en eau que permettent les pots d’argile enterrés améliore la germination, augmente la croissance des cultures, accélère la maturité, réduit les maladies et augmente les rendements, même dans des endroits où les températures sont très élevées, l’humidité faible et les vents desséchants. Le système est également être efficaces dans les sols sablonneux ou graveleux qui drainent très rapidement et avec une eau ou un sol salé ou alcalin.

La taille du récipient enterré, sa porosité lié au type d’argile utilisée et de la température de cuisson), l’épaisseur de sa paroi, la qualité de l’eau, la nature du sol et les besoins en eau des plantes influencent la fréquence à laquelle les récipients doivent être remplis, mais les plus grands peuvent n’être rechargés qu’une fois par semaine voir plus.

En pleine terre ou en conteneurs, certaines plantes semblent apprécier l’oxygène supplémentaire qu’elles reçoivent lorsque le pot est presque vide. D’autres plantes préfèrent recevoir une alimentation en eau plus régulière et se développent mieux avec une apport d’eau continu ou un remplissage des récipients lorsqu’ils sont à moitié pleins.Il faut observer les plantes et voir ce qu’elles préfèrent.

Le récipient doit être enterré jusqu’au cou.

Un petit couvercle ou une pierre peut être placé sur l’ouverture pour empêcher l’évaporation et l’intrusion de petits animaux.

Les racines des plantes vont venir se coller contre les parois, mais cela ne nuit pas à la durabilité du système.

Les pots d’argile enterrés facilitent l’établissement des arbres et les projets de restauration environnementale. « Lors de tests effectués dans le bas désert très chaud et sec de Californie, le taux de survie des plantes dans des pots en argile enterrés était souvent compris entre 78 et 100 %, alors que toutes les plantes bénéficiant de systèmes d’irrigation traditionnels en bassin ou en surface (y compris le goutte-à-goutte) étaient mortes. »

Dans son livre, Fan Shengzhi décrit la culture intercalaire avec des pots d’argile enterrés. L’ail ou les oignons, avec leurs petites têtes de plantes, se marient bien avec des plantes à croissance plus lente et plus "étalées" comme les tomates ou la coriandre. Les pots d’argile enterrés facilitent également la culture de légumes sous des arbres tels que l’eucalyptus, dont le système racinaire agressif et actif est proche de la surface du sol.

Mise en place des jarres

Installation de jarres enterrées dans notre jardin au Rwanda

Placer des pots en terre cuite enterrés dans le jardin est simple :

1. Creusez un trou de plantation environ trois fois plus large et deux fois plus profond que le récipient. Brisez les mottes de terre que vous avez enlevées. Incorporez un tiers de paille et de fumier vieilli. Dans un sol très lourd, ajoutez également un peu de sable.

2. Remplissez partiellement le trou avec le mélange de terre amendée. Positionnez le pot en terre en place avec le couvercle de façon à ce que le haut du pot d’argile dépasse de la surface du sol.

3. Remplissez l’espace autour du pot et raffermissez-le en appuyant sur la terre avec vos mains.

4. Remplissez d’eau le récipient d’argile enterré d’eau, ajoutez un peu d’eau à la terre à l’extérieur du pot et laissez la terre s’humidifier pendant la nuit. La zone humide résiduelle le lendemain vous aidera à voir à quelle distance du pot les plants ou les graines doivent être placés.

5. Placez de la même manière d’autres récipients si nécessaire en les espaçant de 60 à 90 cm selon la taille du pot. Placez-les plus près les uns des autres dans le sable et plus loin les uns des autres dans un sol riche en argile, en utilisant à nouveau la zone humide de votre premier pot comme guide.

6. Vous pouvez maintenant placer vos graines ou vos plantes dans le sol mouillé. Dans de nombreux sols, les graines ou les plantes doivent être placées à une distance équivalente au rayon du récipient autour du bord de celui-ci.

7. Réapprovisionnez en eau le pot d’argile enterré selon les besoins. Les petits pots peuvent avoir besoin d’être remplis tous les deux à cinq jours, mais les plus grands seulement une fois toutes les deux à trois semaines. Le moment variera au cours de la saison de croissance. Pour de nombreuses plantes, vous pouvez laisser le niveau d’eau descendre jusqu’au fond du pot avant de le remplir à nouveau, mais la terre cuite doit rester humide.

8. Dans les pays où les sols gèlent l’hiver, les récipients doivent être retirés du sol pendant la période hivernale et n’être remis en terre qu’une fois le risque de gel écarté sous peine de retrouver les récipients brisés.

Il est possible de fabriquer un système de remplissage automatique en installant des raccords en plastique dans les trous du fond des pots et en reliant les pots à un réservoir à l’aide d’une vanne à flotteur ou d’une minuterie.

Divers systèmes de remplissage en série, ou même d’auto-remplissage peuvent être conçus. Celui présenté ci-dessous permet de remplir les pots de fleurs standards par le bas en utilisant un réservoir avec une valve à flotteur ou une minuterie.

Pour en savoir plus sur ce système d’irrigation et son évaluation, vous pouvez lire l’article que j’ai dédié à ce sujet.

Capsules Poreuses

L’irrigation par capsules poreuses est une adaptation du système précédent. Dans ce système, les réservoirs poreux sont complètement enterrés. L’évaporation de l’eau est donc empêchée. L’eau est distribuée automatiquement et en continu par gravité en proportion directe de l’utilisation de l’eau par la plante, ce qui permet d’obtenir une efficacité très élevée. Généralement conçues pour être alimentées par un réservoir de stockage, un seau, une bouteille ou une conduite d’eau sous pression, les capsules poreuses peuvent être mises en réseau facilement. Les capsules poreuses améliorent le sol et permettent de cultiver dans des régions où le climat et la qualité du sol empêchent l’utilisation des méthodes d’irrigation conventionnelles.

Schéma du dispositif expérimental d’irrigation par capsules poreuses mis en place par Aderaldo de Souza Silva et Dinarte Aéda da Silva au Brésil

Au début des années 1980, les recherches pilotées par Aderaldo de Souza Silva et Dinarte Aéda da Silva au Brésil ont démontré que l’efficacité de l’utilisation de l’eau avec des capsules poreuses pouvait être quatre fois supérieure à celle de l’arrosage classique de surface et deux fois supérieure à celle des systèmes de goutte-à-goutte. Une étude américaine bien plus ancienne de Lon Hawkins publiée en 1910 montre qu’avec des capsules poreuses, une plante de coléus peut survivre avec seulement 6 litres d’eau sur une période de six mois.

La plupart des capsules poreuses ont un volume compris entre un et quatre litres. Elles peuvent se présenter sous de nombreuses formes : pots, ollas, sections en forme de tuyaux, cylindres verticaux, bouteilles et flacons. Si les tuyaux et les connecteurs ont un diamètre suffisamment important, l’eau ne nécessitent que peu ou pas de filtration.

Exemples de modèles artisanaux, « maisons », et semi-industriels de capsules poreuses

Les capsules poreuses peuvent être installées avec une hauteur de chute très faible (le réservoir se rapprochant de la hauteur des capsules). À l’intérieur ou dans une serre, ces systèmes fonctionnent même en pression négative, le réservoir étant situé en dessous de la hauteur des capsules, car l’eau est aspirée vers la capsule lorsque les plantes l’utilisent. À l’extérieur, il faut souvent plus d’eau, et un système à basse pression peut être plus efficace.

Une étude menée dans le Maryland a montré que les fèves poussaient mieux avec des capsules poreuses qu’avec un système d’irrigation de surface classique, chaque plante n’utilisant que 1,2 litre d’eau sur 49 jours. Dans les essais de culture au Brésil, la consommation d’eau équivalait au cinquième de l’eau utilisée pour l’irrigation conventionnelle. En Bolivie, le rendement des pommes de terre a plus que doublé grâce aux capsules poreuses, et au Panama, le rendement des arbres fruitiers a triplé.

Les capsules poreuses ne sont pas seulement utiles dans les serres ou dans les champs, elles peuvent également être excellentes pour l’aménagement des intérieurs. Un grand réservoir peut offrir un très long intervalle de remplissage pour une plante.

Le réservoir peut être relié directement à la capsule à l’aide d’un seul raccord, mais pour permettre à la capsule de s’enfoncer plus profondément dans un pot plus grand, on utilisera un deuxième raccord et un court morceau de tube pour allonger la connexion.

Les capsules poreuses sont plus coûteuses à fabriquer et à installer que les pots d’argile enterrés ou les tuyaux profonds, mais dans les environnements arides, elles se rentabilisent en augmentant le rendement, en économisant l’eau et en réduisant le temps de désherbage.

Une bouteille en plastique peut constituer un réservoir pratique pour une capsule poreuse.

Fabrication de capsules poreuses avec des pots de fleurs standards

Les pots de fleurs standards en terre cuite rouge et leurs bases font de bonnes capsules poreuses lorsqu’ils sont collés ensemble. Testez leur porosité et leur intégrité avant d’en acheter un grand nombre.

Matériaux et outils nécessaires

Pour réaliser une capsule il faut :

- un pot et sa base en terre cuite
- un raccord en plastique fileté d’un diamètre adapté au trou du pot
- du papier de verre
- de la colle polyuréthane ou époxy

Réalisation

1. Poncez légèrement le bord du pot et de la base du pot sur une feuille entière de papier de verre (100 à 200 grains) pour créer une surface plane qui fera un joint étanche.

2. Collez le raccord en plastique dans le trou du pot. Le filetage doit s’adapter au trou. Si nécessaire, le trou dans le pot peut être être agrandi avec une mèche de maçonnerie ou du papier de verre enroulé autour d’une cheville. Si le trou est trop grand, utilisez de la colle pour combler les petits espaces, ou utilisez la méthode du bouchon en caoutchouc décrite dans Méthodes alternatives.

3. Étalez une couche de colle sur le rebord du pot et collez le pot et la base du pot ensemble. Méthodes alternatives. Vous pouvez également utiliser deux pots de la même taille, collés ensemble, avec des bouchons en caoutchouc pour boucher les trous. Un connecteur de tuyau d’égouttement s’adaptera parfaitement à un trou de ³/₁₆ pouces percé à travers un bouchon en caoutchouc.

Capsules faites à la main

Il est également possible de faire fabriquer des capsules poreuses sur mesure par un potier local ou de les fabriquer soi-même avec par exemple un moules en forme de bouteille ou avec un tour. Avec un peu de pratique il est possible de façonner des capsules assez solides, une fois séchées à l’air et cuites. Il est préférable de faire les trous pour les raccords légèrement en dessous de la taille des connecteurs, puis de les poncer pour les adapter aux connecteurs.

Ces capsules poreuses, fabriquées à l’aide d’un bouteille comme moule

Autres méthodes

Si vous utilisez un grand récipient et que la capsule doit être enfoncée plus profondément dans le sol, il est possible de relier la capsule et le réservoir à l’aide d’un court morceau de tuyau et d’un second raccord. Il est également possible d’utiliser un entonnoir ou une bouteille en plastique coupée comme orifice de remplissage qui peut être collé directement dans la capsule.

Jardin avec des Capsules

Les capsules poreuses fonctionnent très bien dans les jardins. Creusez un trou pour chaque capsule, comme pour un pot d’argile enterré.

Le sommet d’une capsule peut être enterré de 5 à 10 cm, mais dans le cas d’une capsule plus grande composée de deux pots, on peut laisser le sommet près de la surface. Les capsules peuvent être reliées à des bouteilles ou équipées d’entonnoirs de remplissage, tout comme pour les plantes en conteneur.

La mis en réseau de capsules réduira le temps de gestion des rangées de plantes. Pour ce faire, il suffit de fixer un raccord en T à chaque pot afin de pouvoir le relier par des tubes à d’autres capsules en une ligne continue.

La culture déterminera l’espacement, peut-être 60 cm avec des plantes non étalées et jusqu’à 3 fois plus pour les melons et les courges. Si vous placez les capsules sur une pente, l’apport d’eau sera plus important à l’extrémité basse, alors placez-les le long de courbe de niveau qu’elles soient pour les garder aussi horizontales que possible. Avec un autre raccord en plastique, connectez les capsules à un réservoir. Le réservoir peut être rempli à l’aide d’un tuyau ou être équipé d’une vanne à flotteur ou d’une vanne à minuterie pour se remplir automatiquement.

À l’extrémité de la ligne de pots, un évent ouvert doit être réalisé avec un tuyau ou un tube. Il doit s’étendre au-dessus du sol jusqu’à la hauteur du réservoir pour évacuer l’air du système. Bien que les capsules poreuses ne soient pas aussi sensibles au colmatage que les goutteurs, elles peuvent éventuellement se boucher à cause de sédiments ou d’une croissance bactérienne, fongique ou algale. Si possible, utilisez un simple filtre à mailles 500 sur la ligne du réservoir ou la ligne d’eau pour empêcher les débris de pénétrer dans les capsules.

L’eau de pluie provenant d’un système de collecte sur le toit est idéale pour être utilisée avec des capsules poreuses, car les capsules fonctionnent bien à basse pression et l’eau de pluie est exempte de sel.

Un joli système par gravité peut être créé en reliant une ligne de capsules poreuses à un baril d’eau de pluie. Les capsules utilisées sur des bancs de serre ou dans des lits surélevés peuvent fonctionner à une pression négative, le réservoir se trouvant sous la capsule. Ces systèmes doivent être étanches, et les pots sont remplis la première fois en soulevant le réservoir au-dessus des capsules jusqu’à ce qu’elles soient remplies automatiquement.

À l’extrémité de la ligne de pots, un évent ouvert doit être réalisé avec un tube ou un tuyau. Celui-ci doit s’étendre au-dessus du sol jusqu’à la hauteur du réservoir pour évacuer l’air du système. Bien que les capsules poreuses ne soient pas très sensibles au colmatage, elles peuvent éventuellement se boucher à cause de sédiments ou d’une croissance bactérienne, fongique ou algale. Il est prudent d’utiliser un simple filtre à maille 500 sur la ligne du réservoir ou la ligne d’eau pour empêcher les débris de pénétrer dans les capsules.

Tubes en terre cuite enterrés

Le principe de fonctionnement des tubes d’argile poreux enterrés est similaire à celui des récipients d’argile enterrés ou des capsules poreuses. Lorsqu’ils sont en argile disponibles localement et fabriqués à la main ils peuvent être d’un coût très modeste et facilement remplacés en cas de bris.

Les tubes doivent avoir des joints qui s’emboîtent bien et être hermétiquement scellés pour prévenir l’entrée des racines et une distribution inégale de l’eau.

L’eau étant répartie le long d’une bande horizontale continue dans le sol, ce système est adapté aux cultures en rangs serrés, comme les carottes ou autres légumes.

Carottes sur tubes

L’un des premiers essais expérimentaux d’irrigation souterraine par tuyaux d’argile poreux a été réalisé à Avignon, en France. Les cylindres de tuyaux d’argile poreux de 15 cm pouces de diamètre mesuraient 60 cm de long ont été posés dans des tranchées de 40 cm de profondeur et espacés de 2 m à 2,5 m.

Les plantes cultivées sur les tuyaux d’argile enterrés ont donné de meilleurs rendements, comparés à celles cultivées avec d’autres systèmes d’irrigation ont mûri plus tôt et ont été moins sensibles aux maladies.

Pour les chercheurs qui ont conduit cette expérimentation, grâce à l’humidité constante et aération optimale du sol, l’utilisation de tubes enterrés a permis :

- une réduction significative des coûts de main-d’œuvre ⇒ Pendant l’été, les parcelles avec des tuyaux d’argile enterrés n’ont dû être désherbées qu’après les pluies.

- une réduction des frais généraux ⇒ l’utilisation de l’eau a été réduite de 80 % et celle des engrais chimiques de 50 %.

- un bénéfice plus élevé grâce à un rendement meilleur et plus précoce ⇒ le rendement du maïs a augmenté de 83 %, celui des melons de 48 % et celui des pommes de terre de 34 %.

- un rendement accru par unité de surface

- de faire deux cultures en une saison.

Les tuyaux en argile poreuse ont généralement un diamètre de 7,5 à 10 cm, mais des tuyaux beaucoup plus grands et plus petits sont utilisés. Les longues sections de tuyaux sont plus faciles à sceller, mais plus difficiles à fabriquer et plus encombrantes à transporter. Les tubes sont généralement placés dans une tranchée de niveau à une profondeur de 10 à 40 cm sous la surface du sol, posés bout à bout et reliés par des joints coulissants étanches, des joints cimentés ou des connecteurs en plastique ou en caoutchouc.

Les cultures en ligne sont disposées soit directement au-dessus, soit de part et d’autre chaque rangée de tubes.

L’irrigation souterraine par tuyaux en argile poreux peut profiter à toute une série de cultures pratiquées dans des conditions climatiques différentes, même avec une eau d’irrigation légèrement salée ou alcaline.

M. Murata & al (1995) ainsi que Monica Murata and Chris Lovell (1998) rapportent qu’au Zimbabwe, un groupe de cultivatrices qui a visité une station de recherche agricole gouvernementale où était pratiqué un essai d’irrigation avec des tubes en argile poreuse ont vu qu’un tel système répondait à deux de leur problèmes essentiels : le manque d’eau et de temps. Étant déjà habiles à fabriquer des pots en argile pour la cuisine et le stockage, elles ont pu facilement fabriquer leurs propres tubes les installer, et elles ont pu effectivement économiser du temps et de la main d’œuvre en n’arrosant qu’une fois par semaine au lieu de trois ou quatre fois par semaine et en n’ayant pratiquement plus besoin de désherber. Elles ont également augmenté leur production de légumes. La technique s’est répandue, et bientôt 450 femmes de la région ont utilisé ce système.

Cultiver avec des tuyaux en terre cuite enterrés

La profondeur du tuyau et l’espacement des lignes dépendront du type de sol, de la pression ou de l’écoulement par gravité, du type de tuyau et des cultures. Les tuyaux doivent être placés horizontalement pour un court distance. Ils peuvent être légèrement inclinés pour une distance plus longue, peut-être une 2 à 3 cm sur 3 m.

Les tubes les plus gros seront placés dans des tranchées d’une profondeur de 15 à 40 cm sous la surface du sol, en vérifiant le niveau et la pente. Une fois les tubes placés et bien scellés entre eux là tranchée est remblayez partiellement autour des tuyaux, les niveaux doivent être vérifiés à nouveau. Cette vérification faite, la tranchée peut être remplie jusqu’à la surface du sol. Des amendements du sol, du compost et de l’engrais peuvent être ajoutés au remblai près du tuyau.

Pour faciliter le remplissage en eau des tubes, que ce soit à la main, avec un tuyau ou à partir d’une citerne ou d’un réservoir, le tube doit se terminer à l’une de ses extrémités par un coude avec une section verticale. et plantez des graines ou des semis. Ce système fonctionnera à basse pression ou même sans dénivelé. Une vanne ou un robinet actionnable à l’extrémité inférieure du parcours permet un rinçage périodique. La fréquence d’irrigation peut être déterminée en surveillant attentivement les cultures, mais elle peut être aussi faite qu’une fois par semaine.

Si les plantes sont cultivées à partir de graines, mieux vaut mouiller uniquement la ligne de semis. Pour connaître les emplacements possibles des semis ou des plants, il est toujours bénéfique idée de démarrer et de faire fonctionner le système pendant un jour ou deux pour voir jusqu’où le sol est humide.

Irrigation par tubes poreux verticaux

Cette méthode utilise une section de tube poreux placée verticalement pour mouiller la colonne de sol. Le tuyau peut être installé avant ou au moment de la plantation en perçant un trou dans le sol à la profondeur souhaitée et en insérant le tuyau.

Le tube peut être raccordé à une bouteille d’eau, à un réservoir d’eau ou à un système d’irrigation. Cependant, seuls les tuyaux les plus poreux fonctionnent à basse pression.

Des essais de tubes poreux placés verticalement, de 30 cm de long et de 1 cm de diamètre, ont été très encourageants. Jennifer Cogswell mène actuellement une expérience comparant l’irrigation des plantes de l’armoise côtière par des tuyaux profonds, des tuyaux poreux et des bassins. Il semble que lorsque l’apport d’eau à travers un tuyau poreux est assez constant dans toute la colonne du sol, les conditions sont excellentes pour la croissance des racines profondes.

Dans les zones arides très venteuses, les arbres peuvent être susceptibles d’être renversés à moins qu’un bon modèle de racines ne se développe. Une architecture racinaire résistante au vent pourrait être créée en plaçant trois tuyaux poreux en forme de triangle autour du trou de plantation. Ces tuyaux pourraient être laissés en place jusqu’à ce que les plantes soient établies, car le tuyau poreux se décompose assez rapidement, généralement en deux ou trois ans.

Bibliographie

Publications de David A. Bainbridge

1995, « Microcatchment water harvesting for desert revegetation », MW Fidelibus, DA Bainbridge - Soil Ecology and Restoration Group,

2001, « Buried clay pot irrigation : a little known but very efficient traditional method of irrigation  », Agricultural water management, 2001 – Elsevier

2002, « Alternative irrigation systems for arid land restoration », Ecological Restoration, Ecological Restoration 20:1

2006, « Deep pipe irrigation », The overstory, 2006

2008, « More efficient irrigation systems for desert and dryland restoration »,

2012, « Super efficient irrigation with buried clay pots », Overstory Agroforestry Journal,

2013 « Fan Shengzhi ancient agronomist », Sustainable agriculture notes

2015 « Capillary wick irrigation for a pot from a reservoir », Gardening with Less Water Bulletin

2015, Gardening with less water. Use up to 90% less water in your garden. Low-Tech, Low-Cost Techniques, Storey Publishing

Publications sur David A. Bainbridge

2008, « More efficient irrigation systems for desert and dryland restoration », David A. Bainbridge Presented by : Jose J Ramirez, Marshall, Goldsmith School of Management Alliant International University San Diego, California, USA

Mis en ligne par La vie re-belle
 28/04/2022
 http://lavierebelle.org/irriguer-avec-des-artefacts-en

 Documents

 2015_capillary_wick_irrigation_for_a_pot_from_a_reservoi (...)
PDF 

Les articles 7

IMG: Techniques traditionnelles II. Cultiver en creux pour créer des oasis Stratégie de l’oasisDans les milieux où l’eau et la végétation sont rares, l’objectif des cultivateurs est d’éviter au maximum de perdre l’eau de pluie du fait (...)
IMG: Techniques traditionnelles I. Ralentir, étaler, retenir, faciliter l'infiltration de l'eau Avec ce texte sur les dispositifs permettant de ralentir, étaler, retenir les ruissellements et faciliter l’infiltration des eaux dans les sols, nous ouvrons (...)
IMG: Introduction aux techniques traditionnelles de gestion et de recueil des eaux de pluie Dès les débuts de l’agriculture, les cultivateurs, et plus particulièrement ceux des zones arides ont cherché à mettre au point des techniques permettant de (...)
IMG: Cultiver l'eau pour restaurer les sols et le climat Sans eau pas de vie. Sous différentes formes et états, l’eau est indispensable et à l’émergence et au maintien de la vie et compose l’essentiel des êtres (...)
IMG: Leçons dogon de récolte de l'eau et de gestion de la fertilité des sols D’ordinaire, des agronomes occidentaux viennent pleins de bonnes intentions dans les pays dits « du Sud » apprendre aux cultivateurs comment améliorer leurs (...)
IMG: Principes de culture, récolte et fructification de l'eau en permaculture Comme le rappelle Brad Lancaster auteur de trois ouvrages de référence consacrés à la récolte et la fructification de l’eau, il n’existe pas d’aménagement (...)
 La Vie Re-Belle | 2018 · 2024