Wicking-bed

Culture en jardinière irriguée par capillarité

Les « wicking bed » sont des systèmes de culture économes en eau et en fertilisant constitués par des jardinières dotées d’un fond imperméable, d’une réserve d’eau permanente à leur base, et d’un substrat de culture irrigué par capillarité.

Ce système présente une série d’avantages :

- Il permet de mettre rapidement en place une culture dans des contexte ou la culture maraîchère ne serait pas possible : sols incultes, contexte urbain, déficit hydrique..

- Il ne nécessite que peu d’espace.

- Il peut être mis en place sur des surfaces asphaltées ou bétonnées.

- Il peut être fabriqué avec toute sorte matériaux ou de contenant récupéré (grand bidon, fût plastique ou métallique, poubelle, veille citerne d’eau, bassin pour poisson), avec du bois de récupération

- Une fois établi, il nécessite moins de travail d’entretien qu’une planche cultivée classique : moindre fréquence des interventions liées à l’arrosage, moindre désherbage par l’application d’un paillis en surface, plus de travail du sol...

- Il permet que le sol soit toujours bien drainé, même en cas de fortes pluies.

- Il rend le travail plus facile grâce à la hauteur de la jardinière.

- Il rend accessible le jardinage aux personnes âgées, à mobilité réduite.

- Il évite la minéralisation de la terre provoquée par l’évaporation de l’eau. (avec un un arrosage classique par le haut, si l’eau utilisée eau est dure, lors de son évaporation les sels minéraux restent en surfaces et s’accumulent avec le temps.

- Il supprime les problèmes habituels d’assèchement plus rapide des plates-bandes surélevées

- L’eau se trouvant en fond de bac et remontant par capillarité, permets aux plantes de développer des racines profondes.

- Il permet de facilement installer des mini-serres ou des filets de protection.

- Les principes de l’irrigation par capillarité peuvent être appliqués à des jardinières de toutes tailles :

Inconvénients :

Les Wicking-beds ne présentent pas toutefois que des avantages :

- Si on ne n’utilise pas de matériaux disponibles à proximité et des matériaux de récupération, le principal inconvénient est le coût de construction. Les grands bassin irrigués par capillarité bien élaborés peuvent être chers à construire. Leur coût financier et le temps d’installation de bassins autonomes est plus élevé qu’une culture en pleine terre.

- Les plantes ont souvent besoin d’un cycle alternant phase humide et phase sèche pour se développer, or les bassins de culture irriguées par capillarité créent un environnement de sol constamment humide qui n’est pas adapté à certain végétaux.

- Le besoin en eau des plantes, la profondeur de sol qui correspond à chacune doit donc être connue. Pour certaines plantes à enracinement profond, une humidité constante est nocive car elle entraîne le pourrissement des racines.

- Dans les bassins de culture irriguées par capillarité la couche de sol profond est saturé d’une eau qui ne s’écoule jamais. Si cette couche ne peut jamais se sécher par évaporation ou par absorption par les racines des plantes, elle devient un boue tassée anaérobie qui peut favoriser des pathologies racinaires. (Cet inconvénient peut être corrigé si on ajoute un canal de vidange totale de l’eau contenue dans la couche de drainage).

- La rétention d’eau contenant des engrais soluble entraîne une accumulation d’engrais et l’évaporation de l’eau du sol combinée à la capillarité crée une situation où la concentration des sels qui peut brûler les racines des plantes.

- La mobilité ascendante de l’eau conduit à une accumulation excessive de sel dans la couche supérieure des sols où les plantes à enracinement superficiel sont plantées.

Meilleurs contextes d’implantation

La construction d’un bassin surélevé irrigué par capillarité est pertinente lorsque la culture en pleine terre n’est pas possible

- lorsque l’environnement aride, elle permet de préserver l’eau rare et de cultiver des plantes qui ne pourraient que très difficilement pousser autrement.

- Tout comme les systèmes hydroponiques, les « wicking bed » sont mieux adaptés aux plantes à cycle annuel, qui ont besoin de grandes quantités de nutriments dans un courte période et dont la durée de vie limitée n’engendrent pas les problèmes à long terme liés aux conditions de sols des bassins d’irrigation.

Les bassins conservant très voir trop facilement les fertilisant soluble, la quantité devant être utilisé pour la croissance annuelle des végétaux peut et doit être réduit.

En résumé, les « wicking beds » ne sont pas une solution universelle mais en les utilisant là où ils fonctionnent le mieux, ils peuvent permettre de créer des zones de production intensives qui ne seraient pas possible autrement.

Optimisation du système

Sur un terrain en pente, il est possible de mettre plusieurs wicking-beds en série, en branchant le trop-plein du premier, sur l’alimentation du second, et ainsi de suite.

De même, il est possible de brancher directement la descente d’une gouttière sur le premier bac, pour obtenir une série de wicking-beds autonome en eau.

Il est également possible d’intégrer un système permettant de fertiliser continuellement les wicking-beds. En insérant un tuyau large perforé d’au moins 10 cm ou un cylindre grillagé dans sa partie enterré. En y jetant les déchets verts, les vers et micro-organismes sont encouragés à faire le travail de fertilisation. En réduisant les matières organiques et en les exporter vers l’ensemble du milieu.
L’autonomie possible en eau et en fertilité font tout l’attrait de ce système.

Wicking-Bed à moindre coût :
l’expérience de Lance Edwards au Zimbabwe

Photo de Lance Edwards

Source : « 100-Fold Vegetable Gardens with Low-Cost Wicking Beds  », Note technique d’Echo n°95.

« J’ai découvert les « jardinières puissance 100 » en recherchant les moyens d’irriguer directement la zone racinaire des plantes. Je voulais savoir comment contrôler de manière pratique et abordable certaines des variables qui influencent la croissance des plantes, telles que la disponibilité de l’eau et la fertilité du sol. J’ai lu des articles sur les “wicking beds,” dans lesquels l’eau monte par capillarité vers la zone racinaire des plantes à partir d’un réservoir recouvert de plastique. Arroser par dessous empêche la perte d’eau tout en maintenant une humidité constante du sol et en fournissant de l’eau et des nutriments correspondant aux besoins de la plante.

Dans la documentation accessible, les exemples de “wicking beds,” sont généralement construits en surface en utilisant des conteneurs et d’autres matériaux coûteux. Leurs constructeurs recommandent de remplir les lits de culture avec du terreau.

J’ai commencé à expérimenter cette technique avec des matériaux locaux pour réduire les coûts. Je ne voulais pas avoir à acheter des containers ou du terreau coûteux. J’ai alors décidé de creuser les lits à une profondeur de 30 cm. De cette façon, le trou creusé pouvait servi de conteneur et nous pouvions tamiser la terre arable dégagée pour l’utiliser comme substrat de croissance. J’ai pu obtenir ainsi un matière qui reste friable et qui absorbe bien l’eau et les nutriments. J’ai utilisé les pierres et autres résidus volumineux résiduels pour remplir le fond des lits auxquels j’ai ajouté de vieilles boîtes de conserve, du verre brisé, des os, etc.

Les « Wicking beds » sont un moyen de maximiser la production de légumes sur des plates-bandes surélevées, mais de nombreuses personnes n’ont pas compris l’utilité de ce dispositif. C’est pourquoi j’appelle ma version « jardinières puissance 100 » (100-fold gardens), en référence à la parabole évangélique du semeur, dans laquelle des graines répandues sur un bon sol génèrent des récoltes 30, 60 ou 100 fois plus que ce qui a été semé. J’aime ce nom parce que ces « Wicking beds » sont incroyablement productifs si on prend le temps de les construire correctement et d’utiliser les bons intrants.

Nous avons réalisé environ 150 « jardinières puissance 100 » dans des communautés rurales. Les gens qui luttent pour avoir de l’eau et les ont particulièrement bien accueillis. Les personnes âgées, les mères célibataires, etc. ont rapidement compris l’intérêt de ces jardins et en ont vraiment pris soin. Une des intérêts des « jardinières puissance 100 » est que nous pouvons installer les jardins juste à côté de chez eux et qu’ils peuvent utiliser leurs eaux grises.

Nous ajoutons des lombricomposteurs dans les « wicking bed » afin de pouvoir composter les matières organiques. Ces lombricomposteurs sont faciles à intégrer. J’utilise un pot de crème glacée en plastique de 5 litres. J’utilise un tube d’acier de ½ ”ou 3/4” chauffé pour percer des trous sur les côtés et le fond du récipient. Le tube chauffé perfore les parois du pot sans laisser d’arêtes vives. Ensuite, j’enfouis le seau dans le sol de sorte que le bord supérieur arrive au niveau du sol de la planche de culture. J’intègre quelques vers pour lancer l’ensemble du processus de compostage et jette un peu de compost au fond du pot, puis j’ajoute des déchets organiques. Les matières organiques produites, feuilles coupées et les herbes adventices arrachées sont soit ajoutées au paillis sur le lit, soit jetées dans le bac à compost. La jardinière devient rapidement très riche en matières organiques et en nutriments, et les vers peuvent se déplacer du lombricomposteur au lit de culture et en revenir. Quand je remplis la réserve d’eau, environ une fois par semaine, j’arrose le bac à compost ce qui fait passer les nutriments contenus dans le vermicompost dans le réservoir d’eau, où ils peuvent être récupérés et utilisés par les plantes. Nous sommes donc en mesure de recycler toutes les matières végétales dans les jardinières, à l’exception bien sûr des légumes consommés.

Contexte les plus favorables :

Un wicking bed ne doit pas être arrosés aussi souvent que les planches de culture conventionnelles. Du fait de la très faible évaporation en surface, l’utilisation de l’eau y est optimale. Ce type de jardinière est donc une excellente option pour les zones arides ou pendant les saisons sèches. Ils sont une bonne option dans des contextes où un arrosage quotidien n’est pas possible. Ce système convient moins aux régions à fortes précipitations ; sans drainage adéquat des afflux d’eau importants rendent plus difficile l’alimentation en nutriments des plantes et facilitent le pourrissement des racines.

Il existe de nombreux types de wicking beds, utilisant une large gamme de matériaux. Notre approche utilise des matériaux peu coûteux disponibles au Zimbabwe. Des matériaux similaires sont susceptibles d’être disponibles dans d’autres pays.

Photo de Lance Edwards

Avantages des jardinières puissance 100

Polyvalence :

Des jardinières puissance 100 peuvent être aménagées dans des zones où les sols et les conditions de culture ne sont par ailleurs pas favorables : lorsque le terrain est trop rocheux, ou bétonné, gorgé d’eau ou trop salin, etc.).

Conservation de l’eau :

Ces jardinières à haut rendement économisent l’eau, car aucune eau ne traverse la zone racinaire. La gestion de l’eau est simplifiée, avec des quantités connues appliquées à des intervalles connus.

Le paillage empêche l’évaporation de la surface du sol. Comme l’eau est conservée sous le lit de culture et qu’elle est filtrée à travers le sol avant d’atteindre les racines des plantes, les eaux grises peuvent être utilisées pour l’irrigation.

Gestion des éléments nutritifs :

Le substrat de culture est modifié pour être très fertile, et soutenir une croissance maximale. Les éléments nutritifs peuvent être facilement gérés, car ils restent dans le réservoir et ne sont jamais lessivés dans le sol. Le paillis garde le sol et friable. Le réservoir d’eau et le filtre que constitue la couche de sol réduisent le risque de brûlure des plantes.

La jardinière puissance 100 crée un environnement idéal pour la prolifération de micro-organismes. L’élévation du lit de culture permet une circulation d’air adéquate dans le sol, ce qui profite à la fois aux plantes et aux micro-organismes. De plus, le paillis et le réservoir d’eau alimentent et protègent les micro-organismes des fluctuations importantes de la température et d’humidité du sol.

Des lombricomposteurs peuvent être facilement intégrées à ce système, ce qui permet une fertilité accrue (les jus de plantes produits infiltrent le sol et la réserve d’eau pour une absorption ultérieure par les plantes).

Travail minimum :

Après le travail initial de mise en place, la charge de travail d’entretien de ce type de jardinière est faible. Les jardinières puissance 100 nécessitent très peu de désherbage, car l’épaisse couche de paillis empêche pratiquement la croissance des herbes adventices. L’irrigation souterraine et l’absence subséquent d’arrosage de surface, réduit également la germination des « mauvaises herbes ». Celles qui poussent malgré tout peuvent facilement être retirées et déposées sur la couche de paillis pour nourrir le sol à son tour.

La formation d’une croûte en surface et le compactage du sol sont minimaux. Lors de la replantation, le sol reste mou et friable, de sorte qu’aucun travail du sol préalable n’est nécessaire.

Les engrais solubles s’appliquent facilement par le tuyau d’alimentation en eau..

Moins de maladie :

La conception de plates-bandes de 2 m sur 2 m avec des passerelles de 1 m entre les lits culture permet une circulation d’air adéquate autour des plantes, ce qui minimise les maladies.

Ensoleillement :

Les plantes ont un bon accès à la lumière du soleil sur les quatre côtés et une bonne pénétration de la lumière au centre du lit.

Productivité :

La jardinière puissance 100 est idéale pour cultiver de manière productive dans de petites parcelles. Les plantes peuvent y être espacées de manière relativement dense. Les espacements peuvent être similaires à ceux proposés par Mel Bartholomew. [https://squarefootgardening.org/2019/03/planting-chart-cheat-sheets/ ]

Conformément aux recommandations de Mel Bartholomew, j’ai tendance à suggérer de cultiver des légumes-feuilles dans ces jardinières. Les légumes sont cultivés de manière dense, mais à mesure que les plantes poussent, les gens ramassent les feuilles et les éclaircissent naturellement. Je déconseille certaines plantes comme des choux dans ces jardinières, car ils grandissent énormément que le nombre de choux qu’il est possible de cultiver est faible.

Je ne conseille pas non plus d’y cultiver des tomates, car les plants de tomates deviennent également exubérants et prennent beaucoup de place. Je suggère plutôt que les gens plantent les tomates en appliquant les principes du wicking bed dans des containers de 20 litres et plantent un plant de tomate dans chaque récipient. Cela fonctionne bien, ces containers peuvent être installé n’importe où elles peuvent bénéficier d’un ensoleillement suffisant, et être éloignés des autres cultures pour la prévention des maladies.

Les graines ou les boutures doivent être implantées suffisamment profondément pour qu’elles entrent en contact avec la zone de sol humide. Si vous utilisez des piquets ou des treillis pour soutenir de hautes plantes hautes ou volubiles, ne les poussez pas jusqu’au fond du lit d’évacuation, car le liner pourrait se perforer. »

Pour aller plus loin

Lire :

Étapes de réalisation de différents type de Wicking beds

Évaluation de l’efficacité du système Wicking beds

Visionner :

Entre autre vidéos accessibles sur le web "Major Design Improvement to Our Wicking Beds"

Regarder :

les photographies ci-dessous pour éveiller le désir d’expérimenter les wicking bed :

Lien vers le site d’origine

Lien vers le site d’origine

Mis en ligne par La vie re-belle
 14/08/2019
 https://lavierebelle.org/wicking-bed

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