Principes de culture, récolte et fructification de l’eau en permaculture

Comme le rappelle Brad Lancaster auteur de trois ouvrages de référence consacrés à la récolte et la fructification de l’eau, il n’existe pas d’aménagement standardisé pour cultiver et récolter l’eau qui conviendrait à toutes les situations. Chaque terrain, les plantes et les animaux qu’il abrite, et les humains qui le gèrent, sont uniques. Chaque site doit être abordé en gardant à l’esprit ses propres caractéristiques distinctives. Cependant, il existe une série de principes de collecte de l’eau de pluie qui sont applicables à tous les sites et qui doivent toujours être respectés. Chacun d’entre eux est valable en soi, mais il forme un tout et doivent être utilisés ensembles pour en tirer pleinement parti. Le premier principe est éthique, les neufs autres articulés logiquement sont une déclinaison pratique de cette éthique du vivant.

Principes de culture, récolte et fructification de l’eau en permaculture

« Je cultive l’eau comme je cultive les céréales et les légumes ».
Mr. Zephania Phiri

Principes de culture, récolte et fructification de l’eau en permaculture

1. Respecter l’éthique de la récolte de l’eau

2. Commencer par observer et étudier votre terrain longuement et avec attention.

3. Commencer les aménagements par le point culminant de votre zone de captage .

4. Commencer petit et simple. Travailler à échelle humaine et conviviale.

5. Répartir l’eau et permettre son infiltration de flux d’eau.

6. Toujours prévoir des voies de débordement et gérer les trop plein comme une ressource.

7. Maximiser la couverture végétale de la zone de captage

8. Faire de la vie souterraine et aérienne un alliée pour cultiver l’eau

9. Maximiser les relations bénéfiques du système

10. Réévaluer continuellement son intervention et le système mis en place et apporter les changements nécessaires, en utilisant les principes précédant comme guide

La plupart de ces principes sont issus de l’œuvre de Brad Lancaster. J’y ai seulement ajouté les principes 1 et 8.

Revue détaillée de chaque principe de culture et récolte de l’eau

Premier principe : observer une éthique de la culture et de la récolte de l’eau

En matière de « gestion » de l’eau, comme en tout autre, trois principes éthiques guident les pratiques en permaculture :

1. Prendre soin de la terre et de la vie qu’elle abrite : Nous devons prendre soin de toutes les choses vivantes et non vivantes, y compris le sol, l’eau, l’air, les plantes, les animaux et les écosystèmes entiers. Respecter ce principe implique d’adopter des pratique non destructrice, au profit d’activités qui respecte les limites du milieu, qui le réhabilite et le régénère s’il a été abîmé et le font fructifier.

2. Prendre soins des personnes : L’eau est un bien commun qui doit être accessible à tous les êtres vivants qui en ont besoin. Mes interventions ne doivent pas nuire aux être vivants, et en particulier aux voisins qui m’entoure. Il faut en conséquence se demander en quoi mes actes peuvent impacter notre milieu commun et s’efforcer que ces impacts soit bénéfiques.

3. Partager équitablement : La culture et la récolte de l’eau visent à maximiser le potentiel de fertilité de la terre. Partager les fruits de notre expériences qu’ils soient matériels (production vivrière par exemple), ou immatériel (connaissance, expérience…) contribue à renforcer les communautés dans lesquelles nous vivons.

Au delà des principes énoncés par les pionniers de la permaculture, je considère que notre gestion et nos usages de l’eau doivent respecter les droits de la « La Terre Mère » tels que l’ont défini les peuple autochtones :

« La Terre Mère a les droits suivants :

1. à la vie : il s’agit du droit au maintien de l’intégrité des systèmes de vie et des processus naturels qui les entretiennent, ainsi que des capacités et des conditions nécessaires à leur régénération.

2. À la diversité de la vie : le droit à la préservation de la différenciation et de la variété des êtres qui composent la Terre Mère, sans qu’ils soient génétiquement altérés ou artificiellement modifiés dans leur structure de manière à menacer leur existence, leur fonctionnement et leur potentiel futur.

3. À l’eau : le droit à la préservation de la fonctionnalité des cycles de l’eau, à son existence en quantité et qualité nécessaires au maintien des systèmes de vie, et à sa protection contre la pollution pour la reproduction de la vie de la Terre Mère et de tous ses composants.

4. A l’air pur : le droit à la préservation de la qualité et de la composition de l’air pour la subsistance des systèmes de vie et sa protection contre la pollution, pour la reproduction de la vie de la Terre Mère et de tous ses composants.

5. à l’équilibre : le droit au maintien ou à la restauration de l’interrelation, de l’interdépendance, de la complémentarité et de la fonctionnalité des composants de la Terre Mère, de manière équilibrée pour la poursuite de ses cycles et la reproduction de ses processus vitaux.

6. A la restauration : Le droit à la restauration rapide et efficace des systèmes vivants affectés directement ou indirectement par les activités humaines.

7. à Vivre à l’abri de la pollution : Le droit à la préservation de la Terre Mère contre toute contamination de l’un de ses composants, ainsi que contre les déchets toxiques et radioactifs générés par les activités humaines.

Deuxième principe : Commencer par une observation longue et réfléchie

Pour observer notre site, parcourons le et prenons le temps de de nous y poser en toute saison, quand il fait sec et tout devient poussière et aussi quand il pleut. Utilisons tous nos sens et nos ressentis intérieurs.

Prenons le temps d’une observation longue et réfléchie

Observons tout ce qui se passe :

- Y a-t-il des zones vertes plus luxuriantes où l’humidité s’accumule naturellement ?
- Quelles sont les sources d’eau disponibles (pluie, neige, rivière et ruisseau, mares et étangs, sources puits, ruissellements…) ?
- L’eau vive présente sur le site est-elle claire, boueuse, souillée ? Et si oui alors par quoi ?
- Y a-t-il des zones dénudées où l’eau s’écoule et où le sol s’érode ?
- Peut-on observer de la rosée le matin ou le soir ?
- Quelle est la végétation spontanée ? Les arbres poussent-ils droit ou sont-ils courbés sous l’effet des vents ? Quels sont les vents dominants ?
- Le sol est-il délavé et compacté, ou mou avec une accumulation de matières organiques ?
Si on le creuse est-il sec ou humide, a-t-il un aspect grumeleux ou poussiéreux ? A-t-il une odeur de sol forestier ?
- Entendons-nous le chant des oiseaux et des insectes ?
- Où la vie s’épanouit-elle le plus ?
- Quelles sont les ressources végétales et minérales disponibles ?
- D’où vient l’eau ? Où va-t-elle ? Quelle quantité d’eau y a-t-il ici et là ?
- Quelle sont les zones ou l’érosion est la plus marquée ?

Prenons le temps d’affiner et d’élargir notre perception du lieu. Echangeons et partageons vos perceptions avec d’autres. Après avoir pris le temps d’observer, demandons-nous pourquoi les choses sont comme elles sont. Pourquoi y a-t-il de l’érosion ? Pourquoi cette plante pousse-t-elle ici ? Et telle autre là ? Pourquoi y a-t-il plus d’humidité à tel endroit ?

Essayons de comprendre le site comme un tout, et non comme des éléments séparés.

Imaginons ce qui se passerait si nous changions quelque chose sur le site.

En quoi la dynamique d’écoulement de l’eau, l’exposition aux vents et au soleil sera-elle modifiée ? Les choses en seront-elles améliorées ou détériorées ?

Consacrer du temps à l’observation, poser des questions et y répondre sont de bons moyens d’apprendre à connaître le lieu.

Une fois que nous nous connectons à un lieu, celui-ci commence à nous montrer ses ressources et ses contraintes et nous aide à orienter nos plans.

Si nous ne comprenons pas votre site, nous risquons de prévoir des aménagements inutiles ou contre productifs. Nous pourrions prévoir par exemple des travaux de terrassement pour la récupération de l’eau et planter des arbres fruitiers dans une zone asséchée par le vent et où le ruissellement est insuffisant.

En revanche si nous avons une bonne compréhension du site, nous placerons ces travaux de terrassement pour la récupération de l’eau et ces arbres à un endroit où le ruissellement est abondant, à l’abri du soleil de l’après-midi et où une haie protège des vents dominants desséchants.

Le résultat de nos interventions est lié à la façon dont nous comprenons notre site et à la façon dont nous mettrons les choses en place.

Cela ne coûte rien d’observer, de réfléchir et de planifier. Ne pas le faire peut coûter cher en travaux inappropriés. Essayons de faire des scénarios et d’imaginer dans votre tête ou sur papier leurs impact potentiels avant de faire quoi que ce soit sur le terrain. Continuons à imaginer différents scénarios jusqu’au moment où nous pourrons choisir celui que nous considérons comme le le plus approprié.
Une fois que nous sommes passé à l’action, observons les effets de nos interventions.

Troisième principe : commencer par le haut

Après avoir pris conscience des caractéristiques du lieu de ses contraintes et il devient possible d’entreprendre de créer des structures de réception, de guidage, d’infiltration... de l’eau. L’important est de commencer par le point le plus élevé de la « zone de captage » et de descendre progressivement.

Cette règle aussi être formulée comme cela : « commençons par le début » c’est-à-dire par l’origine de l’écoulement de l’eau sur nos bâtiments et notre terrain et suivons le fil des ruissellements que nous voulons modifier.

Commençons par le sommet

Pour commencer, formons une image mentale de notre portion de bassin versant qui est notre zone de captage. Par « zone de captage » , nous entendons ici la surface totale d’un lieu recevant, stockant ou drainant de l’eau jusqu’à un site particulier.
Le bassin versant d’une rivière peut représenter des millions d’hectares couvrant des montagnes, des collines, des vallées, des plateaux. Ces grands bassins versants sont constitués de nombreux petits « sous-bassins versants ». Ces sous-bassins sont un patchwork de zones de captage plus réduites, qui peuvent être une cuvette, un champ, le toit d’une maison

Nous vous concentrerons le plus souvent sur les sous-bassins versants qui comprennent notre domicile et notre parcelle. Ces sous-bassins ont une incidence directe sur le grand bassin versant de la communauté et, s’ils sont bien gérés, ils ont le potentiel d’améliorer le bassin versant partagé par notre communauté ! Une fois que nous aurons identifié le sous-bassin versant de notre site, nous pourrons nous mettre à pratiquer l’art de cultiver l’eau, en mettant l’accent sur le recueil, l’épandage et l’infiltration en douceur de l’eau dans toute notre zone de captage.
Lorsqu’il tombe plus de pluie que les surfaces ne peuvent en absorber, l’eau s’accumule et commence à s’écouler sur les toits, les routes et les sols en suivant les pentes.

En général, plus on est en bas de pente, plus le volume d’eau de ruissellement accumulé est important. Plus la pente est raide, plus la vitesse de l’eau sera élevée.
Notre objectif est de transformer ces eaux de ruissellement en eau d’infiltration, c’est-à-dire de faire en sorte que notre terrain ne soit plus une simple zone de transit et une voie rapide des précipitations, mais une zone d’infiltration des précipitations dans le sol.

Idéalement, cette réflexion et les aménagements qui en découlent devraient concerner l’ensemble de la collectivité occupant un bassin versant, mais comme nous n’avons généralement pas d’influence les terres situées en amont de notre parcelle nous nous contenterons de pratiquer l’art de la récolte l’eau en commençant par le haut de la zone ou nous pouvons agir. Selon son extension, il pourra s’agir du sommet d’une colline, du point culminant de notre propriété, du sommet du terrain d’un voisin coopératif situé en amont, ou du toit de notre maison.

En commençant la récolte et la culture de l’eau en haut de notre portion de bassin versant et en descendant ensuite, non seulement on respecte la logique de l’écoulement des eaux, mais tout est plus facile et efficace :

- Le volume d’eau de ruissellement à gérer étant moins important en haut qu’en bas de notre zone de captage, il sera moins susceptible d’échapper à tout contrôle et de devenir destructeur. Par conséquent, nous pourrons mieux le gérer et construire un système de récolte et culture de l’eau dans lequel la majeure partie de l’eau s’infiltrera avant de s’écouler.

- Nous utiliserons plusieurs dispositifs et aménagements de taille modeste, chacun retenant un volume d’eau facile à gérer.

- Avec des aménagements variés et adaptés, la végétation sera irriguée sans être inondée. La pluie s’infiltrera plus uniformément dans le sol dans toute notre zone d’influence et pas seulement au fond.

- L’eau récoltée en haut de la zone de captage peut être dirigée aisément, alors qu’une eau récoltée en bas pente qui doit être pompée pour être déplacée plus haut. La gravité est une source d’énergie gratuite et omniprésente dont nous aurions tort de nous priver. Utilisons-la à notre avantage et au bénéfice des sols et de ses habitants.

Quatrième principe : commencer petit et simple

Les petites choses sont belles : « Small is beautiful » déclarait l’économiste britannique Ernst Friedrich Schumacher, dans un recueil éponyme dont le sous le titre était « une société à la mesure de l’homme ».

Les petites choses sont belles et, ce qui est peut-être plus important en matière de la gestion de l’eau, elles sont moins coûteuses, plus faciles à réaliser, maîtrisables et souvent plus efficaces que les grandes. Ivan Illich, aurait dit qu’elles sont conviviales.

Au Zimbabwe, rapporte Brad Lancaster, M. Zephania Phiri, surnommé « Master Water Harvester », pour ses aménagement hydrauliques, et sa famille ont tout construit à la main, n’ont presque rien dépensé en matériaux et ont assuré eux-mêmes l’entretien de leurs aménagements. Ils ont pu réaliser et entretenir des aménagement remarquable d’efficacité parce que tout a été fait à l’échelle humaine et que tout est resté techniquement et mécaniquement simple pour réduire le besoin d’entretien et leur permettre de le faire eux-mêmes.

Commençons petit et simple peut-être en plantant un arbre endémique à faible besoin hydrique d’eau dans un bassin de récupération d’eau pour ombrager le côté le plus exposé au soleil de notre maison.

Les essais à petite échelle de diverses techniques, ont de plus une qualité pédagogique, elles montrent rapidement ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas sur son site qui est unique. En commençant petit, nous pouvons éviter des erreurs à grande échelle.

Une erreur commise à petite échelle nous apprend comment faire et ne nous brise pas. Commencer modestement nous permet de faire le travail à notre propre rythme. Dans tous les cas, mieux vaut ne pas commencer par créer un système coûteux et élaboré qui pourrait s’avérer ne pas convenir au site et aux moyens dont nous disposons. Gardons à l’esprit que des douzaines, des centaines, voire des milliers de petits dispositifs « éponges » sont généralement non seulement beaucoup plus faciles à créer mais beaucoup plus efficaces qu’un grand barrage, car elles captent plus d’eau et la répartissent plus uniformément sur le terrain.

Cinquième principe : Répandre et infiltrer les ruissellements

Nos interventions et aménagements doivent répartir les flux d’eau pour qu’ils puissent ralentir et s’infiltrer dans le sol. Pour cela, nous ferons en sorte que l’eau déambule, et non qu’elle coule en empruntant le chemin le plus direct, afin qu’elle se diffuse dans le bassin versant.

En dehors d’une citerne réservée pour la conservation de l’eau potable et les usages domestiques, et éventuellement d’une autre pour l’irrigation du jardin de cuisine, toutes les stratégies de récolte de l’eau doivent tendre à diriger la pluie vers le sol. Pour cela de multiples techniques peuvent être mise œuvre pour répartir l’eau sur la plus grande surface poreuse possible afin de lui donner le maximum de possibilités pour s’infiltrer dans le terrain. Une fois qu’elle s’est infiltrée, l’eau se déplace lentement dans le sol, sans l’éroder.

Au cours de l’histoire, les agriculteurs ont inventé une grande variétés de dispositifs pour ralentir, diffuser, retenir, diriger, faciliter l’infiltration des ruissellements, stocker l’eau dans le sol. Ces techniques traditionnelles de collecte des ruissellements adaptées aux contextes méritent d’être connues car elles sont souvent à la fois efficaces et économiques. Les connaître est une source d’inspiration. [voir article dédié à la présentation de ces techniques sur le site https://www.lavierebelle]

Sixième principe : Ne pas oublier de prévoir des voies de débordement et gérer cet « excès » d’eau comme une ressource.

Les trop-plein et les débordements ne doivent pas être traités comme un problème. Au contraire, il faut concevoir le débordement d’un site comme une ressource pour un autre.

Toute structure de récolte de l’eau (citerne, bassin, fossé...) doit être associée à des voies de débordement planifiées. Les eaux de ruissellement excédentaires doivent pouvoir être dirigées d’une structure de réception à l’autre jusqu’à ce qu’elles atteignent le fond de notre site.


Exemple de gestion d’un trop plein de citerne. L’eau excédentaire de la citerne est dirigée vers un bassin, puis le trop-plein du premier bassin est canalisé pour en remplir un autre et un autre.

Quelle que soit la capacité de stockage et d’infiltration d’un système de récolte de l’eau, il faut toujours prévoir comment gérer les excès et les débordement en cas de très pluie très abondantes et de gros orages. Les déversoirs de trop-plein doivent être stabilisés à l’aide de roches lourdes et bien tassées ou de la végétation bien enracinée, afin qu’ils puissent résister à des débits importants.

Le trop-plein des réservoirs et des citernes doit être acheminé en toute sécurité hors du réservoir et loin de ses fondations. Le trop-plein doit être dirigé vers une zone où cette eau sera utile utile, comme un bassin d’infiltration végétalisé qui irrigue passivement un arbre, ou une zone arborée qui, à son tour, fait de l’ombre au réservoir, fournit de la nourriture et crée un habitat pour la faune. La nécessité de gérer le débordement s’applique à toutes les citernes et à tous les ouvrages en terre destinés à la collecte de l’eau. Il faut être préparé autant que possible aux pires conditions en s’assurant que, lorsque son système déborde, il déborde là où on le souhaite, et de manière contrôlée.

Il faut s’assurer que son site dispose d’une sortie de débordement final au fond de la zone de captage sans nuire à la parcelle voisine en aval. L’idéal est de diriger l’eau vers un ruisseau ou un cours d’eau naturel végétalisé.

Septième principe : Maximiser la couverture végétale

Plutôt que de s’infiltrer, l’eau s’écoule trop souvent sur de la terre nue, ou s’accumule et stagne pendant des jours à l’intérieur de cuvettes et s’évapore ou favorise la reproduction des moustiques. Cela est dû au fait que la terre nue est sujette au compactage et que la surface a tendance à se colmater, ce qui réduit la capacité de l’eau de pluie à s’infiltrer sous la surface.

Le labour ou le binage de la terre, ne sont pas de bonnes solutions car ils ne structurent pas le sol de manière pérenne, la moindre pluie importante détruit leur très éphémère porosité.

En revanche, le fait de recouvrir la terre d’une couverture végétale permanente, et les sols travaillés de paillis, augmente considérablement l’infiltration dans le sol. Les plantes en croissance s’enracinent et laissent tomber leurs feuilles pour produire du paillis. Les vers de terre, les termites et les multiples autres formes de vie du sol transforment celui-ci en éponge vivante qui peut plus que doubler les taux d’infiltration et de rétention des eaux pluviales, et réduire considérablement l’évaporation, le ruissellement, l’érosion et la reproduction des moustiques.


La plantation d’une couverture végétale, l’épandage d’un paillis organique structurent le sol contribuent à sa perméabilité et à la conservation de son humidité.

D’une manière globale, la présence d’un couvert végétal et la présence d’arbre est indispensable à l’accomplissement complet du cycle de l’eau. Non seulement l’évapotranspiration de plantes augmente le volume de vapeur d’eau dans l’atmosphère, mais le couvert végétal facilite la pénétration des précipitations, en faisant du sol une éponge, en freinant et en étalant les eaux de ruissellement. Plus important encore, la présence de forêts et d’autres formes de couverture végétale rafraîchit la température du sol et devenant plus froide que celle des précipitations l’infiltration de l’eau en son sein : le déplacement de l’eau s’effectuant toujours du chaud vers le froid. (sur ce sujet lire le chapitre « Cycle hydrologique complet et demi-cycle hydrologique » dans l’article « Histoires d’eau » du site lavierebelle.org)

Par ailleurs, la végétation fait littéralement fructifier l’eau récoltée, en la transformant en fruits, légumes, céréales, fourrage... pour les personnes, et la faune domestique et sauvage ; en créant des brise-vent qui réduisent l’évaporation et l’évapotranspiration ; en modifiant le micro-climat par la création de zone ombragées et plus humide ; en créant un dense tapis de racines et de feuilles et de l’humus qui stockent l’eau, rendent le sol plus fertile, stabilise les déversoirs et contrôle l’érosion.
La présence simultanée de plantes annuelles et leurs racines superficielles, d’arbustes avec leurs racines un peu plus profondes et d’arbres avec des racines profondes va permettre l’exploration de tous les profils du sol. L’arbre par sa plus grande capacité d’évapotranspiration va créer un micro climat, éviter le dessèchement en protégeant du vent. L’enracinement va permettre le phénomène d’ascenseur hydrique qui sera renforcé par la présence de mycorhizes. De plus les différences de hauteurs entre strates de végétations vont permettre des condensations en créant des différences de températures.

La végétation endémique, c’est-à-dire les plantes locales que l’on trouve dans un rayon de 40 km autour de son site et dans une fourchette d’altitude de 152 m au-dessus ou au-dessous du site - est généralement mieux adaptée aux régimes pluviométriques locaux et aux conditions de croissance, et certaines de ces plantes font souvent d’excellents couvre-sols.

Huitième principe : Faire de la vie souterraine et aérienne un alliée pour cultiver l’eau

On pense généralement que labourer une terre facilite l’infiltration de l’eau, mais la porosité mécanique engendrée par cette pratique est instable et car elle s’effondre à la moindre pluie, et c’est ainsi que le labour ne créé pas des sols poreux pérennes, et qu’il faut comme Sisyphe sans cesse refaire la même tâche absurde.

Les galeries des vers de terre ou des termites sont beaucoup plus stables parce qu’elles sont notamment tapissées et consolidées par de la matière organique. Dans le sol ces galeries sont des voies de transit de l’eau vers le bas par gravité. La matière organique du sol née du cycle de la vie et de la mort des végétaux et de la digestion des matières mortes par la faune du sol est hydrophile et retient l’eau. Les petits trous et micropores du sol essentiellement créés par les déplacements des amibes qui laissent après leurs passages des trous tapissés de matières organiques, et par les racines fines de plantes qui tapissent le sous-sol et libèrent des matières organiques par rhizodéposition retiennent également l’eau sous forme de film tapissant les parois de trous du sol. C’est ainsi qu’un sol vivant est une éponge.
In fine pour qu’un sol retienne l’eau, il faut qu’il soit vivant, qu’il contienne de la matière organique, qu’il y ait un couvert végétal, et pour que l’eau puise être ramenée des couches profondes du sol, il faut également des arbres.

Comme tout être vivant, pour qu’un sol soit en bonne santé et assure ses fonctions d’entretien de la fertilité il a besoin d’un toit, de nourriture, et de ne pas être violemment perturbé et déstructuré. Dès lors que le sol à un toit et une peau – la couverture végétale – , qu’il est nourrit – essentiellement par de la matière carbonée – , et qu’on ne perturbe par la vie de ses habitants par un travail du sol violent, macro et micro organismes du sol peuvent « faire leur travail » tranquillement, et faire du sol une éponge fertile.

Neuvième principe : Maximiser les relations bénéfiques et l’efficacité en additionnant les fonctions

Multiplier les fonctions en créant une véritable toile où chaque élément est profitable à ses voisins, est un principe clé en permaculture. L’idée est qu’un élément isolé doit remplir plusieurs fonctions et qu’une même fonction doit être assurée par de multiple éléments. Cette redondance est ce qui assure la résilience du système. Si un de ses éléments lâche la fonctionnalité du système n’est pas compromise.

Une haie par exemple, peut servir à protéger du vent produire des fruits, du fourrage, des tuteurs, des matières médicinales, du combustible, empêcher la divagation du bétail, retenir l’eau, réduire l’érosion, créer un microclimat, abriter des oiseaux et de la faune sauvage...

Les structures de récolte de l’eau peuvent également ne pas avoir pour seule fonction l’infiltration de l’eau dans le sol mais être en relation avec l’ensemble du paysage, de manière à ce qu’elles remplissent plusieurs fonctions bénéfiques.
En superposant les fonctions, des fonctions des dispositifs de recueil de l’eau permet au système mis en place de gagner une efficacité et une productivité bien supérieures pour un même effort. La végétation choisie pour recueillir l’eau de pluie produit également de la nourriture, des médicaments, des fibres, des abris, des habitats pour la faune et des brise-vent. Ces brise-vent réduisent l’évaporation de l’eau des champs et des étangs. Les poissons élevés dans ces étangs nourrissent la famille et fertilisent l’eau utilisée dans les champs. Les bermes de contour créent des sentiers surélevés. Les barrages de retenue stabilisent les croisements de chemins et de routes au-dessus des drainages.


Système de récupération de l’eau assurant de multiples fonctions : eau, refroidissement passif par ombrage, contrôle des eaux pluviales dans le cadre de travaux de terrassement, limitation de l’érosion, habitat pour la faune, augmentation de la fertilité, production alimentaire...

Souvent, les stratégies existantes conçues pour remplir une fonction primaire peuvent être adaptées pour remplir d’autres fonctions. Par exemple, des fossés de drainage ont été construites par des collectivité pour à l’origine réduire l’érosion et les inondations. Elle ont rempli leur objectif mais en évacuant également une ressource irremplaçable. En y ajoutant ajouté des fossés pour récolter l’eau dans des baissières, et en les ceinturant de plantes à usages multiples, on crée ainsi des brise-vent, stabilisant les fosses et générant des cultures auto-ensemencées qui prospèrent grâce à l’eau récoltée passivement.

Chaque site présente un potentiel unique de superposition des fonctions. Vous savons que nous sommes sur la bonne voie du bon travail lorsque une une stratégie élaborée pour résoudre un problème résout simultanément de nombreux autres problèmes et crée davantage de ressources.

Dixième principe : Évaluer continuellement le système et le faite évoluer

L’évaluation continue de nos actions et aménagement est la clé de l’entretien à long terme d’un système de collecte d’eau.

Continuer encore et encore à observer votre site de manière réfléchie. Comment la terre réagit-elle à vos interventions ? Qu’est-ce qui doit encore être résolu ? Qu’est-ce qui doit être corrigé ? Qu’est-ce qui peut être amélioré ?

Quelles que soient les qualités de nos interventions et aménagements de notre parcelle, il faudra au fil du temps entretenir, réajuster et adapter ce que nous avons fait. Si le design initial a été bien conçu les changements à apporter seront moindres.

Mais comme tous les paysages sont en constante évolution et que les évolution des milieux naturels et cultiver vont être d’autant plus prononcées dans un contexte de chaos climatique, il sera nécessaire de continuer à observez comment notre site se comporte, réparez, modifier, faire évoluer le lieu, continuer à apprendre du site réfléchir et voir ce qui peut être améliorer. Nous ne pouvons pas échapper à la nécessité de suivre, entretenir et ajuster nos interventions l’entretien, mais nous pouvons réduire le besoin d’un travail excessif en suivant les dix principes exposés précédemment, il s’agit simplement d’outils , de clés et d’une démarche pour imaginer concevoir et planifier et mettre en œuvre un système intégré de culture, récolte, et fructification de l’eau.

À nous de nous en emparer si nous le souhaitons...

Notes :

Les illustrations de cet article sont issues du livre de Brad Lancaster Rainwater Harvesting for Drylands and Beyond Volume :guiding-principles to welcome rain into your life and landscape

[1] Brad Lancaster a publié Rainwater Harvesting for Drylands and Beyond
- Volume :guiding-principles to welcome rain into your life and landscape
- Volume 2 : Water-Harvesting Earthworks ;
- Volume 3 : Roof Catchment and Cistern Systems.

Site de Brad Lancaster

[2] Traduction de Ley de Derechos de la Madre Tierra

[3] Schumacher, E. F. ; Small Is Beautiful : Economics As If People Mattered : 25 Years Later…With Commentaries (1999). Hartley & Marks Publishers

[4] Ivan Illich, La convivialité, 1973

Mis en ligne par La vie re-belle
 28/03/2022
 https://lavierebelle.org/principes-de-culture-recolte-et

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