Toutes les communautés ont développé, à partir des ressources de leur milieu, une pharmacopée destinée à calmer, atténuer et parfois faire disparaître la douleur. Cet article est une introduction aux préparations végétales et minérales traditionnellement utilisées pour agir sur les douleurs.

Certaines plantes contiennent des substances qui peuvent calmer, atténuer et parfois de faire disparaître la douleur. On dit que ces plantes ont des propriétés analgésiques ou antalgiques (la douleur est aussi appelée algie), antinociceptives ou encore anesthésiantes.
La douleur est un signal qui est envoyé à notre cerveau pour lui faire savoir qu’il y a quelque chose d’anormal. Elle peut être provoquée par une l’inflammation au niveau de la blessure, par de l’enflure, des crampes et même une sensation de brûlure. Elle indique qu’un problème qui passerait autrement inaperçu et aurait des conséquences grave doit être traité.
Les substances analgésiques ont pour fonction de diminuer la douleur, mais ne traitent pas généralement la cause de son apparition qui dans tous les cas doit être traitée également.
On distingue deux types de douleurs :
– les douleurs aiguës qui surviennent brusquement et finissent par disparaître et qui peuvent être soulagées par des substances analgésiques ;
– les douleurs chroniques pour lesquelles on recherche un répit le temps de trouver les causes véritable du problème, ou une atténuation permanente jusqu’à un seuil qui n’entrave pas la vie quotidienne lorsque que la cause ne peut elle même être traitée.
Toutes les communautés les civilisations, ont à partir de la conscience de la relation douleur-maladie, développé à partir des ressources de leur milieu une pharmacopée végétale destinée à traiter spécifiquement la douleur tout en mettant au point parallèlement des remèdes adaptés à chaque affection.
Les plantes analgésiques contiennent souvent des salicylates qui apaisent la douleur en réduisant la production de prostaglandines. D’autres plantes sont en même temps analgésiques et fortement anti-inflammatoires. Pour apaiser les fortes douleurs, ces plantes doivent en général être prises à des doses importantes.
L’industrie pharmaceutique a cherché à imiter et à intensifier les propriétés des plantes analgésiques, en isolant les molécules actives des plantes supposées responsables des effets antalgiques. La volonté d’hégémonie de cette industrie sur la santé, et le prestige de certaines de ses réussites à conduit à une dévalorisation et un oubli relatif des savoirs médicinaux à base de plantes. Or, les traitements chimiques dont il n’est pas question de nier l’efficacité, présentent néanmoins des défauts que peuvent pallier les traitements antalgiques extraits des plantes qui présentent l’avantage de générer bien moins d’effets secondaires indésirables. Ces plantes ne présentent pas par exemple les désavantages de l’aspirine comme l’ulcération des muqueuses de l’estomac par exemple.
Le choix de traitements à base de plantes représente surtout un autre autre rapport à la maladie à la santé et plus généralement au monde. La connaissance des propriétés des plantes permet à chaque communauté qui le souhaite d’être plus autonome vis-à vis des experts extérieurs. Elle induit une attention particulière au milieu naturel local pour en préserver et cultiver les ressources phytothérapeutiques et plus largement sa biodiversité.
Si généralement les plantes antalgiques soulagent la douleur sans masquer totalement la sensation douloureuse qui est abaissée à un seuil gérable, quelques unes sont aussi à la base de traitements plus efficaces que les traitements chimiques.
Le dossier ouvert par cette introduction rassemble le résultat de nos recherches ethnobotaniques concernant les usages traditionnels des plantes analgésiques présentes au Rwanda et au Burundi en particulier, et plus largement en Afrique de l’Est et dans le monde ou on retrouve les mêmes plantes (en Inde, Asie du sud-est et Amérique latine, et d’autre part sur de la revue des études médicales scientifiques auxquels nous avons pu accéder.
Il comprend :
– la liste des plantes analgésiques pouvant être trouvées ou cultivées au Rwanda et dans la région des grands lacs africains, classées par types douleurs que ces plantes sont réputées soulager ;
– un index des noms botaniques et un index des noms kinyarwanda et kirundi des plantes citées dans les différents articles ;
– une série d’articles dédiés aux plantes ayant un pouvoir antalgique générique ; aux plantes associant des propriétés anti-inflammatoires et analgésiques ; aux plantes capables de traiter les douleurs chroniques ; aux plantes ayant la propriétés d’atténuer des douleurs particulière (articulaires, dentaires, menstruelles, musculaires...)
Chaque fois que nous disposerons d’informations précises nous présenterons les modes de préparation, les usages, les dosages traditionnels et nous signalerons si la recherche académique confirment la validité des usages traditionnels. Ce dossier est donc appelé à évoluer au fil de nos recherches ultérieures et des éventuelles remarques et contributions des lecteurs.
Nous avons établi une base de données sur les usages médicinaux, vivriers, textiles, tinctoriaux, agroécologiques… des plantes sauvages et cultivées de la région des Grands Lacs Africains que nous mettrons progressivement en ligne et nous nous répondrons à toute demande de renseignements plus détaillés concernant les savoirs relatifs à telle ou telle plante citée dans les différents articles de ce dossier.
Bonne lecture
10/02/2019
https://lavierebelle.org/traitement-de-la-douleur