Médecine chinoise traditionnelle, traitement de la malaria et Artemisia

Très tôt la médecine chinoise a décrit avec précision les symptômes des fièvres paludiques et identifié différentes plantes de la famille des Artemisia à partir desquelles peuvent être préparés des médicaments antipaludiques.

Médecine chinoise traditionnelle, traitement de la malaria et Artemisia

Archéologie de la malaria

Dans la mythologie chinoise, le paludisme est décrit sous la forme de trois démons :
Le premier est muni d’un marteau, le deuxième d’un seau d’eau froide tandis que le troisième entretient un four brûlant. Ces trois démons sont une allégorie des symptômes classiques de l’affection : céphalées, frissons, sueurs et fièvres intermittentes.

L’idéogramme « malaria » a été trouvé sur des os gravés d’inscriptions divinatoires et des bronzes sur le site archéologique de Yin Xu, dernière capitale de l’ancienne dynastie Shang (1300-1046 avant l’ère chrétienne). Les ossements divinatoires exhumés à Yin Xu, portant les plus anciennes traces d’un système d’écriture en langue chinoise montrent l’ancienneté de l’identification du paludisme comme une maladie spécifique il y a plus de 3000 ans.

Idéogramme du mot malaria
Nüè : « Malaria »

La description des symptômes de la malaria, de l’épidémie et des moyens indiqués pour soulager ses fièvres typiques est consignée dans de nombreux ouvrages de la littérature médicale postérieure à cette inscription. Parmi ces traités on peut citer deux ouvrages remarquables :

Le premier traité de médecine chinoise Huang Ti Nei Ching Su Wen (黄帝内经) : « Canon de la médecine de l’empereur jaune » compilé à partir de sources anciennes environ deux siècles avant l’ère chrétienne consigne les symptômes de douze formes de malaria. Il fait référence à l’acupuncture et à des plantes médicinales malheureusement non nommées dans les sources exhumées pour soigner ces maladies. Dans l’histoire de la médecine chinoise, cet ouvrage attribué à l’Empereur Huang Di a joué un rôle comparable à celui des écrits d’Hippocrate dans les civilisations méditerranéennes.

Traduction anglaise du traité de l’empereur jaune


- Le formulaire médical Pu Ji Fang 普濟方, : « Prescriptions pour le soulagement universel », l’un des textes de prescription de la médecine chinoise les plus complets, publié en 1406 sous la dynastie Ming (1368-1644) contient pas moins de quatre chapitres intitulés Chu Nue Men : « sur le paludisme ».

Analyse contemporaine de l’ouvrage Pu Ji Fang

Armoises chinoises et traitement de la malaria

Précisions linguistiques :

La lecture des traités médicinaux anciens pose une série de problèmes interprétatifs, car le sens des idéogrammes désignant les plantes médicinales utilisées a évolué au cours de l’Histoire. [1]

Qing Hao (青蒿) était à l’origine le nom générique d’une série d’armoises médicinales, à savoir : Artemisia annua L., Artemisia apiacea Hance, Artemisia scoparia Waldst. et kit., Artemisia capillaries Thunb., Artemisia japonica Thunb. et Artemisia eriopoda Bunge.

Parmi ces six espèces le nom Cao hao (草蒿) : « armoise herbacée » semble avoir désigné plus particulièrement les espèces Artemisia annua et Artemisia apiacea qui ont longtemps été confondues.

La première mention du nom Qing Hao et de sa préconisation bouillie à l’urine pour le traitement des hémorroïdes féminines (pin zhi) a été retrouvée sur un rouleau de soie daté de -168. Si on peut assurer que l’idéogramme 青蒿 (Qing hao) figurant sur le rouleau de soie désignait une armoise, il est hasardeux d’assurer laquelle.

Première attestation de l’idéogramme 青蒿 Qing hao

Le grand intellectuel polymathe Shen Gua (1031-1095) est le premier à avoir distingué au sein des « armoises herbacées » deux espèces espèces distinctes : il nota que l’une déployait des feuilles bleu-vert et conservaient sa teinte émeraude à l’automne alors que l’autre espèce aux feuilles d’un vert vif jaunissait à la même période ; il suggère alors que les anciens faisaient principalement usage de la première variété émeraude.

Shen Gua

Ce n’est qu’au XVIe siècle, en se basant sur les remarques de l’érudit Shen Gua et sur ses propres observations, que le célèbre médecin, herboriste et naturaliste Li Shizhen (1518-1593) fixera la distinction entre ces deux espèces d’armoises en donnant à chacune un nom spécifique. Il attribua le nom Qing Hao (青蒿) : « armoise émeraude » à l’espèce que la classification linnéenne distingue comme Artemisia apiacea et le nom Huang Hua Hao (黄花蒿) : « Armoise à fleurs jaunes » à Artemisia annua.

On relèvera que dans son grand traité d’herbologie Ben Cao Gang Mu, Li Shizhen préconise comme son prédécesseur Chen Gua de préférer l’usage d’Artemisia apiacea pour traiter notamment les très fortes fièvres intermittentes.

Une source de confusion supplémentaire dans la lecture des traités de médecine classiques chinois tient à ce que le principe actif antipaludéen d’Artemisia annua découvert dans les années 1970, a été « baptisé » Qinghaosu 青蒿素, « artémisinine » en Français et qu’Artemisia annua est appelée Qing hao dans la littérature scientifique qui a été publiée depuis. Artemisia apiacea qui semble avoir été l’armoise préférée des Chinois anciens a en revanche très peu été étudiée depuis la découverte de l’artémisinine.

Utilisation des armoises pour le traitement des fièvres paludéennes

Peng Weihua et Elisabeth Hsu ont recensé pas moins de 350 formules (fangji 方劑) mentionnant qinghao 青蒿 (Artemisia annua ou Artemisia apiacea) dans les formulaires de l’histoire dynastique chinoise de -221 à 1911. [2]

Nous donnons ci-dessous quelques exemples de citation des modalités d’usage de Qing Hao (Artemisia annua ou apiacea ) et d’autres armoises chinoises pour traiter les fièvres dans la littérature médicale de la Chine impériale.

Vers 100 à 200 (dynastie Han)

Le livre fondateur de la phytothérapie chinoise Shen Nong Ben Cao Jing (神农本草经) : « Classique de la materia médica du Laboureur céleste », somme des connaissances en phytothérapie transmises oralement depuis des siècles compilées pendant la dynastie Han mentionne divers usages de Cao Hao (草蒿) :

« 草蒿 Cao Hao, [l’armoise herbacée Artemisia apiacea ou Artemisia annua] est amère et froide. Elle traite principalement la gale, les croûtes qui démangent et les plaies malignes, elle tue les poux, [soulage] la chaleur logée dans les articulations, et éclaircit les yeux. Son autre nom est 青蒿 Qing Hao (« armoise émeraude ») ; on l’appelle également Fang Kui (« Ouverture »). Elle pousse dans les terrains vagues. »

Dans cet extrait, la mention « soulage la chaleur logée dans les articulations », pourrait être interprétée comme le traitement de maladies fébriles.

Extrait du Shen Nong Ben Cao Jing

Vers 200 (fin de la dynastie Han)

Zhang Zhongjing, (150-219) éminent médecin des dernières années de la dynastie Han, a établi des principes de médication et a résumé l’ensemble des connaissances médicales issues de la pratique de cette époque. Dans son texte classique Shanghan Zabing Lun (傷寒論) « Traité sur la pathologie du froid et maladies diverses », Zhang Zhongjing recommande une décoction de Yīn Chén Hāo (菌陈高) : l’armoise à balais Artemisia capilaris) pour traiter les fièvres avec transpiration et jaunisse [4].

Voici la traduction française de la formule indiquée :

« Décoction de Yīn Chén Hāo (Artemisia capillaris )

o [Indication :] Dissiper la fièvre, désinhiber l’humidité et atténuer le jaunissement.

[Ingrédients :]

• 菌陈高 Yīn Chén Hāo : armoise à balais Artemisia capilaris : 6 liǎng
• 框子 Zhī zǐ : fruit de Jasmin du Cap Gardenia jasminoides : 14 fruits écrasés
• 大黄 Dà huáng : Rhizome épluché de Rhubarbe Rheum palmatum : 2 liǎng

Pour les trois ingrédients ci-dessus, utiliser un dǒu et deux shēng d’eau. Faire d’abord bouillir Yīn Chén Hāo (armoise à balais Artemisia capillaris) pour réduire la décoction de six shēng. Ajouter les deux autres ingrédients et faire bouillir pour obtenir 3 shēng. Retirer la lie, séparer en trois doses et boire le décocté. »

Note : 1 liǎng = 37 g - 1 shēng = env. 1 litre - 1 dǒu (10 shēng) = env. 10 litres

IVe siècle (dynastie Jin)

Le médecin-philosophe Ge Hong est le premier à spécifiquement mentionner les fièvre intermittentes comme une indication de Qing Hao (A. annua / A. apiacea) dans l’ouvrage Zhou Hou Bei Ji Fang (« Manuel de prescriptions des urgences ») publié en 340. Ge Hong indique qu’en cas de fièvre intermittente, symptôme typique du paludisme, il faut boire le jus d’une poignée de partie aérienne de la plante pressée après qu’elle a macéré dans deux cheng d’eau (environ deux litres d’eau).

Ge Hong et page de son manuel de prescription

La période de Ge Hong consacre l’emploi de feuilles de Qinghao en fumigations, c’est-à-dire brûlées dans et à proximité des habitations pour leurs vertus insecticides.

Diverses préparations éloignées de la formule initiale de Ge Hong furent concoctées par la suite : ainsi, prépara-t-on des pilules, des décoctions, de la rosée, de la poudre, une liqueur ou encore un vin de Qing Hao. Rappelons qu’Elisabeth Hsu a recensé pas moins de 350 formules médicinales dans les formulaires Ben Cao de la Chine dynastique

XIIe siècle (Dynastie Song

La décoction de Qing Hao est mentionnée dans l’ouvrage collectif Sheng Ji Zong Lu (聖濟總錄) : « Recueil général d’ordonnances pour le soulagement sacré » ou « Encyclopédie impériale de la médecine », compilation de 20 000 ordonnances médicales, publiées entre 1111 et 1117 durant la Dynastie Song (960-1279).

Encyclopédie impériale de la médecine

XIVe siècle (Dynastie Yuan)

Des pilules à base d’Artemisia prévenant le paludisme (Jie Nue Qing Hao Wan) sont mentionnées dans l’ouvrage “Dan Xi Xin Fa” (Traité médical du Maître de Danxi) en 5 volumes achevé en 1347 durant la Dynastie Yuan (1271-1368). La composition des ces pilules étaient la suivante :

-  feuilles de Qing Hao (Artemisia Apiacea ou Artemisia annua) : 1 jin ;
- feuilles de Dong Gua Ye (Benincasa Hispida / Courge cireuse) : 2 liangs ;
- écorce interne de Gum Gui (Cinnamomum sp. cannelle) : 2 liangs
- feuilles de Ma Bian Cao (Verbena officinalis Verveine) : 2 liangs.

Cuire les ingrédients feuillus, réduire en poudre (tous les ingrédients), et en faire des pilules de la taille de graines de parasol chinois. (Prendre) 1 liang divisé en 4 doses la veille de l’attaque (attendue) de la malaria. » (Source : De Zhenheng Zhu, The Heart & Essence of Dan-xi’s Methods of Treatment, p. 38.

[Note : 1 jin = 0,596 kg ; 1 liang = 37 g]

XVIe siècle (dynastie Ming)

Une poudre et des pilules à base de Qing Hao (« Qu Nue Shen Ying ») destinées à traiter les fortes fièvres sont mentionnées dans l’ouvrage Pu Ji Fang普劑方(« Formules des bienfaits universels ») qui fut publié en 1406 durant la Dynastie Ming (1368-1644).

La formule de poudre est la suivante :

- Qing hao (A. apiacea / A. annua) et Shi Gao (gypse) en quantité égale.
- Réduire les ingrédients en poudre.
- Administrer avant de prendre un repas.

Analyse de l’ouvrage Pu Ji Fang

Fin du XVIe siècle (dynastie Ming)

Li Shizhen, médecin, herboriste et naturaliste, sous la dynastie Ming, qui est l’auteur de la distinction des espèces Artemisia apiacea qu’il nomme Qing Hao et Artemisia annua qu’il nomme Huang Hua Hao (黄花蒿) , décrit l’utilisation de Qing Hao (Artemisia apiacea) pour traiter la fièvre paroxystique du paludisme dans son Ben Cao Gang Mu (本草綱目) : « Compendium de Materia Medica »

Illustrations du Ben Cao Gang Mu

La somme de connaissance réunie par Li Shizen est considéré comme le sommet de ce qui peut être obtenu par la méthode traditionnelle de compilation des connaissances antérieurss. Il s’agit d’une encyclopédie en 52 volumes, publiée pour la première fois en 1596, contenant 1 892 entrées (y compris des plantes, des animaux et des minéraux), dont 374 ont été ajoutées par Li lui-même, et 11 096 prescriptions, dont plus de 8 000 ont été recueillies par Li, ainsi que 1 109 illustrations.

Illustration tirée d’une brochure populaire : « Li Shizhen : Grand érudit des plantes médicinales » (1955)

Début du XVIIe siècle

La préparation suivante est extraite de l’ouvrage Shi Guzhai hui ju dan fang 師古齋彙聚單 « Formules simples collectées et assemblées par Shi Guzhai » publié en 1600. Il s’agit d’une préparation préventive.

« Au début de la période des jours de chien [les jours les plus chauds de l’été], cueillez huang hua hao (黄花蒿) : l’armoise annuelle, et faites-la sécher à l’ombre. Au solstice d’hiver, réduisez-la en poudre. Au jour de l’an, harmonisez-la avec du miel et administrez-la à tout le monde. »

Cette formule est remarquable, car elle met en avant l’importance de prendre en compte la saisonnalité dans la lutte contre les troubles épidémiques. Ses ingrédients doivent être collectés pendant la période de montée du yang qi, au début de la période la plus chaude de l’année. Ils sont ensuite réduits en poudre et ingérés au moment du pic de l’alternance yin et yang, au solstice d’hiver.

Tournant du XVIIIe et XIXe siècles

Wu Ju-Tong, célèbre médecin auteur du traité Wen Bing Tiao Bian (« Systèmes pour différencier les maladies fébrifuges ») achevé en 1798, reprend à Li Shizen l’indication de Qing Hao pour les fortes fièvres, mais intègre cette plante dans une formule composée des éléments suivants :

Composants souverains :
- 9 g de feuilles d’Artemisia apiacea (Qing Hao)
- 15 g de carapace de tortue d’eau douce (Bie Jia)

Composants « ministres » qui ont pour rôle de renforcer l’action des composés principaux :
- 12 g de feuilles de mûrier blanc (Morus alba)
- 9 g de rhizome d’ Anemarrhenae asphodeloides (Zhi Mu)
Composant « ambassadeur » qui dirige les composants « souverains » et « ministres » jusqu’au méridien destinataire et coordonnent les multiples actions de la formule :
+ 9 g d’écorce de pivoine arbustive Paeonia suffruticosa (Mu Dan Pi).

Les ingrédients sont mélangés à cinq tasses d’eau. Le tout est mis à bouillir jusqu’à ce que le volume se réduise à deux tasses. Prendre une dose, deux fois par jour.

Wu Ju-Tong

Recette populaire

En plus des prescriptions à base d’Artemisia annua ou apiacea consignées dans les traités savants, des formules empiriques utilisant Artemisia devinrent populaires dans certaines régions.

Ainsi, dans la province du Jiangsu la population récoltait les feuilles de Qinghao le jour du festival des bateaux-dragons avant de les sécher à l’ombre, et la coutume conseillait de mélanger environ quatre grammes de ces feuilles et une quantité égale de poudres de cannelle chinoise avec du vin froid, en évitant les aliments stimulants pendant la prise de médicaments pour réduire les symptômes du paludisme.

Redécouverte de la valeur antipaludique de l’Artemisia au XXe siècle

La redécouverte de la valeur du savoir médical accumulé depuis trois millénaires en Chine a eu pour contexte la guerre du Vietnam.

Ce long conflit a commencé en 1954, pris une grande ampleur à partir de 1961 et n’a pris fin qu’en 1975.

Lors des premières années de cette guerre, l’Armée populaire du Vietnam (Armée nord-vietnamienne) et ses alliés du Sud, le Viet Cong, ont connu une mortalité croissante en raison des épidémies de paludisme. Sur certains champs de bataille, les effectifs militaires étaient réduits de moitié, et dans les cas les plus graves, 90% des troupes étaient inaptes au combat. Hồ Chí Minh, Premier ministre de la République démocratique du Vietnam (alors Vietnam du Nord), a demandé une assistance médicale à son allié chinois.

Hồ Chí Minh

Mao Zedong, président du Parti communiste chinois, agréa la demande de Hồ Chí Minh et approuva un projet de recherche militaire pour apporter une solution au problème de son allié.

Le projet fut baptisé « 523 » en référence à sa date de lancement le 23 mai 1967. Ce jour-là, un congrès réunit environ 600 personnes issues de l’armée, de la communauté scientifique et de la communauté médicale sans exclure des tradipraticiens.

Le projet 523 classé mission secrète d’État comprenait deux volets, l’un portant sur le développement de médicaments de synthèse et l’autre pour étudier le potentiel de la médecine traditionnelle chinoise.

Les troupes nord-vietnamiennes reçurent d’abord des drogues synthétiques. Des combinaisons de médicaments utilisant de la pyriméthamine et de la dapsone, de la pyriméthamine et de la sulfadoxine, ainsi que de la sulfadoxine et du phosphate de pipéraquine furent testées sur le champ de bataille. Mais ces médicaments présentaient des effets indésirables graves.

L’étude des manuscrits anciens cités plus haut dans le cadre du projet 523 conduisit à la décision de faire parvenir aux troupes nord-vietnamiennes l’une des plantes dont les lettrés chinois avaient consigné les vertus antipaludiques. Il s’agissait de l’armoise annuelle : Artemisia annua.

Des tonnes d’Artemisia annua furent ainsi acheminées et livrées aux troupes du Viet-Minh. L’administration de l’infusion de cette plante permit non seulement de guérir les soldats malades mais aussi de prévenir les fièvres paludiques dans un milieu très fortement impaludé.

Artemisia annua

Au sein du projet 523, plusieurs équipes de chercheur dont celle du Dr Tu Youyou, furent chargées de poursuivre l’étude des propriétés d’Artemisia annua. Ces travaux vont aboutir à identifier et à isoler une molécule active efficace contre le parasite du paludisme en octobre 1971.

Ce composé, qui est un nouveau type de sesquiterpène lactone, fut d’abord baptisé par l’équipe de chercheur "qinghaosu" (ajouté au nom de la plante Qinhao : le suffixe "su" qui signifie "ingrédient unique" est le terme utilisé en mandarin pour désigner les composants actifs isolés des herbes).

Qinghaosu a par la suite été renommé "artémisinine" en référence à la classification botanique de la plante.

Tu Youyou pendant le projet 523

Le Vietnam fut le premier pays bénéficiaire de la mise au point de médicaments dérivés de l’Artémisinine. Dans les années 1980, ces médicaments commencèrent à circuler en Afrique.

L’industrie pharmaceutique ne s’est intéressée à l’artémisinine qu’au début des années 1990, après l’aggravation les phénomènes de résistance du parasite de la malaria envers les médicaments antipaludiques classiques dérivé de la quinine comme la chloroquine ou l’amodiaquine. Une décennie plus tard, en 2001 l’Organisation mondiale de la santé (OMS) déclara l’artémisinine « le plus grand espoir mondial contre le paludisme ».

Mais dès 2006, l’OMS recommande d’arrêter la monothérapie à base de cette seule molécule afin d’éviter les risques de résistance du parasite.

De fait, des études avancent que l’artémisinine affaiblit le parasite, mais ne le tue pas systématiquement, et qu’elle présente son efficacité maximale en association avec d’autres antipaludiques.

Les combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine appelées ACT sont ainsi devenues les médicaments antipaludiques recommandés aujourd’hui.

Cette recommandation et la diffusion des ACT, n’ont pas pour autant empêché l’apparition de la résistance redoutée.

En mai 2009 deux études indépendantes ont signalé une augmentation significative de la résistance du Plasmodium falciparum à l’artémisinine, au Cambodge.

Après s’être vu remis le prix Lasker en 2011, Tu Youyou responsable d’une des équipes qui avait isolé l’artémisinine quarante ans plus tôt, a reçu le prix Nobel pour cette découverte en 2015.

Cette reconnaissance tardive, et les louanges vouées à l’Artemisinine occultent un fait de santé publique pourtant étayé par des siècles de réussites thérapeutiques de la médecine chinoise, et démontré avec éloquence lors de la guerre du Vietnam :

- Il n’est nullement nécessaire de recourir à la synthèse de l’artémisinine pour obtenir un médicament antipaludique efficace. Il suffit de préparer un macérât ou une tisane de la plante dont est extraite à grands frais l’artémisine pour obtenir une boisson médicinale antipaludique qui selon plusieurs études récentes s’avérerait même plus efficace que les médicaments ACT en matière d’éradication du parasite de la malaria.

- Si l’artémisinine a indéniablement des propriétés antipaludiques, elle pourrait ne jouer qu’un rôle minime dans l’efficacité des préparations traditionnelles, car cette molécule n’est que très peu soluble dans l’eau.

- L’isolation de principes actifs est au principe de la recherche pharmaceutique "moderne" qui à partir de cette étape, peut élaborer des médicaments. Or il semble que l’ensemble des composés d’Artemisia annua et leur synergie joue un rôle important dans les propriétés.

- d’autres variétés d’Artemisia, autres qu’Artemisia annua dont est extraite l’artémisinine s’avèrent avoir la même efficacité thérapeutique antimalarienne alors qu’elles ne contiennent que pas ou très peu de d’artémisinine, comme le montrent des études sur le traitement de la malaria à base d’Artemisia afra, cousine africaine de l’Artemisia annuelle chinoise.

Artemisia afra, Armoise africaine ou African Wormwood
Mis en ligne par La vie re-belle
 30/10/2021
 https://lavierebelle.org/medecine-chinoise-traditionnelle

Prévenir et guérir la malaria

L’expérience historique de certaines médecines traditionnelles notamment chinoise et africaine notamment d’une part, des recherches phytopharmacologiques et des études cliniques récentes d’autre part montrent qu’il serait possible de prévenir et de guérir la malaria à l’aide de certaines plantes de la famille des Artemisia.

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